Les forces de sécurité syriennes ont procédé hier à des dizaines d'arrestations dans la banlieue de Damas et dans la ville côtière de Jableh, dans le nord du pays, au lendemain de l'opération meurtrière de l'armée à Deraa, berceau de la contestation dans le Sud, a rapporté l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme. Le responsable de l'organisation, Rami Abderrahmane, n'a pu fournir un bilan précis de ces arrestations qui font suite aux raids militaires sur Deraa, où au moins 11 personnes ont été tuées lundi lors de ces opérations. Des tirs de l'armée syrienne étaient à nouveau entendus hier à Deraa. «De nouveaux renforts des forces de sécurité et de l'armée sont entrés à Deraa. Des chars et des barrières sont installés aux entrées de la ville, empêchant les gens de pénétrer à Deraa», a raconté un militant des droits de l'homme. Selon lui, «des soldats de la 5e division ont fait défection, se sont joints à nous et font face à l'armée qui encercle Deraa». Le militant a indiqué en outre posséder une liste nominative de vingt et une personnes qui avaient été tuées la veille à Deraa. Sur le plan diplomatique, le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a indiqué hier avoir reçu une invitation des autorités syriennes proposant l'envoi d'une mission dans leur pays. Rupert Colville, porte-parole de Navi Pillay, haut commissaire aux droits de l'homme, a toutefois précisé que rien n'était encore décidé, l'offre syrienne ayant été formulée jeudi dernier à la veille de manifestations réprimées dans le sang et lors desquelles au moins 82 personnes ont été tuées. Entre temps, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et le Portugal ont fait circuler au sein du Conseil de sécurité un projet de condamnation de Damas, ont indiqué hier des diplomates. La France n'interviendra pas en Syrie sans une résolution préalable du Conseil de sécurité de l'ONU, «qui n'est pas facile à obtenir», a déclaré hier à Rome le président français Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet franco-italien. Face à l'intensification de la répression meurtrière, Washington a haussé pour sa part le ton, la Maison Blanche évoquant pour la première fois la possibilité de sanctions à l'encontre du régime. Les Etats-Unis ont également décidé le départ de Syrie des personnels de l'ambassade américaine dont la présence n'est pas indispensable ainsi que de toutes les familles des personnels diplomatiques.