Le port de la ville rebelle de Misrata était sécurisé hier, au lendemain d'une attaque par les forces de Kadhafi qui ont été repoussées à 40 km à l'est après des frappes de l'Otan et des combats au sol, ont annoncé les opposants au régime. La ville qui apparaît comme «clé» dans leur avancée vers Tripoli reste néanmoins encerclée par l'armée à l'Est, au Sud et à l'Ouest, la seule voie de ravitaillement étant la voie maritime. Un roulement quasi ininterrompu d'explosions était audible à l'ouest de la ville. Cependant, la zone du port restait dangereuse et le sort de quelque 2000 réfugiés africains qui sont bloqués dans un camp de tentes dans l'espoir de pouvoir partir était inconnu, a indiqué le capitaine d'un bateau humanitaire. Les combats entre rebelles et pro-Kadhafi se cristallisent depuis plusieurs semaines autour de Misrata et de la région d'Al Jabal Al Gharbi, une zone montagneuse dans l'ouest du pays où la majorité de la population est d'origine berbère. Les forces gouvernementales libyennes ont tiré également hier des missiles Grad sur la ville rebelle de Zentan, dans les montagnes de l'ouest du pays, a annoncé un porte-parole des insurgés. «Il y a eu un intense bombardement ce matin. Une quinzaine de missiles Grad sont tombés sur le centre-ville», a déclaré ce porte-parole. «Cinq maisons ont été détruites mais heureusement personne n'a été tué. Cinq enfants ont été légèrement blessés», a-t-il ajouté. Par ailleurs, un avion de combat F-16 participant aux opérations en Libye s'est écrasé hier au moment d'atterrir sur la base de Sigonella, en Sicile, a déclaré un responsable de l'Otan. «Le pilote s'est éjecté et son état est en cours d'évaluation», a déclaré le responsable sous couvert de l'anonymat. Selon l'agence de presse italienne Ansa, l'accident de l'appareil, qui serait émirati, a entraîné la fermeture provisoire de la base. Sur le plan politique. Les chefs ou représentants de tribus libyennes ont affirmé leur volonté de construire une Libye «libre, démocratique et unie», sans Mouammar Kadhafi, dans une déclaration publiée hier par l'écrivain français Bernard-Henri Lévy, soutien actif de la rébellion. Les pays membres de l'Otan se sont mis d'accord pour installer un représentant de l'alliance à Benghazi pour nouer des contacts politiques avec l'opposition au régime, selon un responsable de l'alliance. Sur le plan diplomatique, le président américain Barack Obama a ordonné formellement le déblocage d'une aide non militaire urgente de 25 millions de dollars destinée aux rebelles. Plusieurs pays de l'Otan intervenant en Libye discutent par ailleurs avec les Etats-Unis de l'éventuelle fourniture de munitions, dont les stocks s'amenuisent après un mois d'opérations militaires, selon le Pentagone. L'Otan a refusé, en outre, de commenter la déclaration du Premier ministre russe Vladimir Poutine qui a accusé la coalition occidentale d'outrepasser le mandat défini par le Conseil de sécurité de l'ONU. «Nous devons rester dans le cadre du droit international sans laisser de côté notre responsabilité et prendre soin des civils. Mais quand la communauté soi-disant civilisée se jette avec toute sa puissance sur un petit pays, en détruisant ses infrastructures édifiées au fil des générations, est-ce bon ou mauvais ? Cela ne me plaît pas», a affirmé M. Poutine à l'issue de négociations russo-danoises. Enfin, le président Hugo Chavez a annoncé hier la présence au Venezuela d'une délégation officielle libyenne venue discuter de possibles solutions de paix au conflit en Libye. Le chef de l'Etat vénézuélien, qui est un proche allié du colonel Mouammar Kadhafi, a proposé dans le passé ses bons offices pour tenter de rapprocher le camp gouvernemental et les insurgés. Il a également accusé l'Otan de vouloir tuer son «ami» Mouammar Kadhafi, au lendemain d'une frappe aérienne de l'organisation qui a détruit le bureau du dirigeant libyen.