Tripoli a annoncé le décès du cadet du dirigeant libyen et de trois de ses petits-enfants dans une frappe de l'Otan. Le régime a sous-entendu que le colonel a réchappé de peu à une mort certaine. «La maison de Seïf Al Arab a été attaquée avec de puissants moyens. Le guide et sa femme étaient dans la maison avec des amis et des proches» mais ils sont sortis indemnes. Cependant, d'autres personnes ont été blessées, a déclaré le porte-parole du gouvernement. «Il s'agissait d'une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays», a-t-il accusé. Cependant, la mort de Seïf Al Arab n'a pas été confirmée par l'Otan même si l'organisation admet avoir mené des frappes dans le secteur de Bab El Aziziya à Tripoli, contre un bâtiment de commandement et de contrôle. L'alliance rappelle ne pas «viser d'individus dans ses raids». «Toutes les cibles de l'Otan sont de nature militaire. Je suis au courant d'informations non confirmées des médias selon lesquelles certains membres de la famille Kadhafi pourraient avoir été tués», a déclaré le général Charles Bouchard, commandant en chef de l'opération. «Nous regrettons toute perte de vie, particulièrement celle de civils innocents», a-t-il ajouté. La Russie a dénoncé l'usage «disproportionné» de la force en Libye par les forces de la coalition, doutant que les frappes de l'Otan n'aient pas pour cible Kadhafi, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères. Seïf Al Arab a été décrit par le régime comme un civil et un étudiant mais d'autres sources le présentent comme un officier de l'armée. Il occupait en tout cas une position mineure au sein du régime. Des tirs de joie ont retenti à Benghazi à l'annonce de ce présumé décès. Les mêmes scènes de célébration ont eu lieu à Misrata. Sur le terrain des affrontements, de nouveaux combats ont éclaté hier entre les forces régulières libyennes et les rebelles près de la ville de Wazin, à la frontière avec la Tunisie. Selon des rebelles, des combats les ont opposés aux forces gouvernementales dans la nuit de samedi à dimanche à 7 kilomètres de là, dans la montagne. Au poste-frontière, le flot de réfugiés libyens ne s'est pas tari hier, la police tunisienne ayant enregistré la veille le chiffre record de 4970 personnes en une journée. Les incidents frontaliers de ces derniers jours ont pour source la traque que mènent les troupes loyalistes contre les rebelles du djebel Nafoussa, massif montagneux à la population principalement berbère située au sud-ouest de Tripoli. Sur le front ouest, treize puissantes explosions ont ébranlé Misrata samedi soir, au moment où un ou plusieurs appareils de l'Otan survolaient la ville rebelle libyenne. Comprises dans un intervalle d'une dizaine de minutes, les détonations ont retenti, en provenance des faubourgs ouest et sud-ouest de la cité, des zones dans lesquelles des concentrations de forces pro-Kadhafi ont été signalées. Des navires de l'Otan ont, en outre, neutralisé des mines marines posées par les forces loyales à Mouammar Kadhafi dans le port libyen de Misrata. Depuis deux jours maintenant, le port de Misrata est donc fermé pour les navires d'aides qui arrivent à son embouchure alors que d'ici mercredi prochain, 20 tonnes de matériel médical et de médicaments devraient êtres acheminées par Médecins sans frontières (MSF) vers les hôpitaux de Misrata en Libye. Calme precaire à Adjedabia Au moment où un calme précaire continue de régner à Adjedabia, 70 véhicules pro-Kadhafi ont attaqué l'oasis de Jalo, 300 km au sud de Benghazi, tuant six civils et quatre rebelles, selon la rébellion. Après cet assaut, les troupes du régime ont poursuivi leur route. «Il semble que Kadhafi soit en train d'ouvrir un autre front dans le Sud», décrypte le camp des rebelles. Selon eux, les troupes entrées à Jalo étaient les mêmes que celles qui étaient intervenues jeudi à Al Koufra, environ 300 km plus au sud. Les forces du Guide ont pris le contrôle d'Al Koufra où les insurgés se sont retirés après «avoir peu résisté». Il n'y avait pas eu de victimes. Mouammar Kadhafi a répété samedi qu'il ne renoncerait pas au pouvoir mais se disait prêt à négocier avec les Occidentaux s'ils cessaient leurs frappes. L'Otan a rejeté cet appel, soulignant qu'il revenait avant tout au dirigeant libyen de cesser ses attaques contre des civils. Le CNT a lui aussi refusé toute négociation avec le Guide, affirmant que ce dernier n'avait plus aucun rôle à jouer à l'avenir. Par ailleurs, le Royaume-Uni a indiqué «enquêter» sur une possible destruction d'un de ses bâtiments officiels à Tripoli, a annoncé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères selon lequel d'«autres résidences étrangères ont été attaquées». «De telles actions, si elles étaient confirmées, seraient déplorables du fait que le régime de Kadhafi a un devoir de protection des missions diplomatiques», a-t-il poursuivi. «Ce serait une nouvelle atteinte aux obligations internationales de Kadhafi», a-t-il conclu.