En ce 3 mai, la corporation de la presse nationale entend protester pour faire écho de ses problèmes socioprofessionnels et exiger que ses revendications soient satisfaites dans les meilleurs délais. Ainsi, des représentants des médias ont prévu, en signe de protestation contre leur situation, de boycotter les cérémonies officielles programmées aujourd'hui à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. A l'image de la situation sociale que vit le pays depuis le début de l'année, marquée par des mouvements de contestation et de revendications tous azimuts, la presse nationale ne pouvait être en marge. Les «révoltes» vécues au sein de la radio nationale, dans un journal gouvernemental, et même l'agence de presse, témoignent de la situation peu reluisante des journalistes confrontés à de nombreux problèmes socioprofessionnels. Cette précarité est aussi de mise dans les rédactions de la presse privée, mais demeurent peu connue. Cet état de fait est lui-même dicté par l'absence de textes régissant le «journalisme» au sens large du terme. Les mouvements de contestation menés par la presse n'ont pas abouti à grand-chose et plusieurs textes de loi sont restés dans les tiroirs des instances concernées. Dans l'élan de «contestation nationale», des hommes des médias ont enclenché depuis mars dernier une idée de relance du débat sur la presse, qui se veut être un autre facteur appuyant la nécessité d'une loi sur l'information. Devant ce vide, une initiative dite «nationale pour la dignité de la presse» a été lancée récemment par des journalistes pour tenter, dans le sillage du dernier discours du chef de l'Etat à la nation annonçant la dépénalisation du délit de presse, d'accélérer les choses. «Une initiative née d'une vision libre découlant de la réalité sociale et professionnelle des journalistes», selon les auteurs de cette action. Une pétition des hommes des médias, actuellement en circulation, souligne à plus d'un titre «l'intérêt de tous à se mobiliser pour assurer la défense des acquis irréversibles de l'Algérie pluraliste et démocratique». La réactivation du conseil supérieur de l'information à même de délivrer la carte nationale de presse et d'élire un véritable conseil de déontologie, l'ouverture réelle du champ audiovisuel ainsi que la levée de la censure handicapant les journalistes des médias publics et les intimidations dont ils sont victimes, sont les points forts du texte qui dévoilent également les manques à gagner par la presse nationale. Les pouvoirs publics par le biais du ministre de la communication, Nacer Mehal, n'ont pas tardé à répondre aux doléances de la presse en s'engageant à concrétiser ses revendications. Il a été notamment décidé de l'organisation des assises nationales de concertation autour de la situation du métier de journaliste. Comme il a été aussi convenu l'annulation de l'article 144 bis du code pénal. Par ailleurs, le ministre qui a précisé que le code de l'information fait partie des réformes politiques importantes annoncées par le président de la République a indiqué dernièrement qu'une mouture de la nouvelle loi sur l'information sera prête d'ici le mois de juin. Comme pour rejeter la balle aux rédacteurs de l'initiative, M. Mehal a dit que «le code de l'information n'est pas l'affaire d'un ministre ou d'un gouvernement, mais l'affaire de la corporation qui doit être au niveau de la responsabilité qui est la sienne». Les pouvoirs publics semblent de la sorte être conscients de la précarité dans laquelle vivent des journalistes, et c'est pour cela que le ministre a insisté sur le fait que «la profession doit être immunisée». La nouvelle loi améliorera la situation globale des professionnels de la presse, selon M. Mehal, qui a mis l'accent sur l'indispensabilité d'une grille nationale des salaires pour qu'il y ait un seuil minimum pour les journalistes. Entre les exigences des hommes de la presse et les engagements des pouvoirs publics, tout semble baigner dans l'huile, même si actuellement, il n'est question que de théorie…