Le trublion Ben Laden n'est plus qu'un cadavre à la mer. Mme Clinton n'avait pas eu tort, l'homme le plus recherché de la planète se trouvait bien quelque part au Pakistan. Non pas au fond d'une grotte, mais dans une résidence chic au nord d'Islamabad, à un million de dollars. Un coup fatal pour l'organisation djihadiste qui n'est pas à sa première perte majeure durant les deux derniers mois. Au risque de rallumer à vives flammes le brasier pakistanais, les Etats-Unis auraient fini par avoir l'autorisation de leur fidèle allié dans la lutte antiterroriste à intervenir sur son sol. Toutes les aides financières US mériteraient bien ce «cadeau» offert à l'Amérique d'Obama. Ah si le républicain Bush était encore de la partie. C'est son successeur qui vient de la remporter et il se pourrait bien qu'elle lui serve comme atout électoraliste pour briguer un second mandat sans avoir à trop pousser du coude. Evidemment que la mort de Ben Laden ne sonnera pas la fin d'Al Qaïda, son implosion en tant qu'organisation pyramidale ne date pas d'hier. Reste à savoir à qui profitera le «crime». Tout naturellement au bloc occidental qui a fait de la traque d'Oussama Ben Laden un point d'honneur. Ce, bien que la lutte antiterroriste internationale est l'affaire de tous, ne se lasse-t-on pas de répéter à Washington. Aussi, celle de ceux qui ont choisi délibérément de la greffer à leurs infâmes stratagèmes de colonisateurs. Parmi les toutes premières réactions suite à la liquidation de Ben Laden, celle de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien. Pour le chantre de l'expansionnisme en Territoires palestiniens occupés, il s'agit d'un «triomphe retentissant pour la justice, la liberté et les valeurs partagées par tous les pays démocratiques qui luttent côte à côte dans leur détermination contre le terrorisme». Inutile de vous dire que le choix des mots est loin d'être anodin. En s'exprimant au nom de «pays démocratiques», Netanyahu cherche à tout prix à placer cette «victoire» dans l'actuel contexte que vit le Moyen-Orient et auquel l'alliance israélo-occidentale est en train de faire face. A la lecture de sa déclaration, on se rend vite compte qu'il veut exclure de fait certains pays arabes qui, certes, ne peuvent pas prétendre être des modèles de démocratie. Avec ses nuances verbales, Netanyahu ferait exprès de rappeler que les pays dits durs de la région, désignés en tant qu'«Etats voyous» au temps de W. Bush, se sont servis de cette même lutte mondiale contre l'islamisme radical que pour se maintenir au pouvoir. Allusion au régime de Tripoli qui s'est dit disposé à se rallier à Al Qaïda en Libye, à celui de Damas qui déclare traquer des groupes terroristes à Deraa sans convaincre personne, à celui de Sanaa qui n'aurait fait qu'amplifier la présence du mouvement radical local. Mais si Benjamin Netanyahu a été parmi les premiers à commenter la mort du chef de la nébuleuse, c'est aussi pour rappeler à ses alliés, dont certains sont tentés par une prochaine reconnaissance de l'Etat de Palestine, que le Hamas palestinien ne diffère pas d'Al Qaïda. Et que la présence du parti de Khaled Mechâal dans un gouvernement d'union nationale palestinien fait que ce dernier ne mériterait pas une reconnaissance officielle et unilatérale devant les instances onusiennes. Surtout que le gouvernement d'Ismaïl Haniyeh semble décidé à continuer à résister en étroite collaboration avec l'axe Damas-Téhéran. Egalement avec le gouvernement du Caire qui vient de demander aux Etats-Unis de reconnaître l'Etat de Palestine au lieu de réfléchir à revoir leurs aides aux réformistes de Ramallah. A ce point, la mort de Ben Laden est un don du ciel, sinon de l'Amérique, à l'Etat hébreu qui ne trouverait pas meilleure occasion pour en finir avec l'isolement que même certains de ses alliés lui ont fait subir ? Du côté de Tel-Aviv, on est certain que le hasard fait bien les choses.