«Abou Faraj Al-Libbi» pourrait également avoir été en charge de cellules dormantes d'Al Qaîda en Europe et aux Etats-Unis. «C'est une capture très importante. Il était recherché pour divers attentats de haut niveau», a souligné Sheikh Rashid, le ministre pakistanais de l'Information, après l'arrestation du n°3 d'Al Qaîda, le Libyen Abou Faraj. Tenu pour responsable de plusieurs attentats de haut vol, notamment contre le président pakistanais Pervez Musharraf en décembre 2003, le lieutenant de Ben Laden a été arrêté dans des circonstances qui n'ont pas été totalement révélées. Le ministre de l'Information a indiqué seulement qu'il avait été arrêté le week-end dernier dans le district tribal du Nord-Waziristan, frontalier de l'Afghanistan, avec cinq complices. Le président pakistanais Pervez Musharraf l'avait désigné lui-même comme l'organisateur de deux tentatives d'attentats à l'explosif menées contre lui à onze jours d'intervalle et au même endroit en décembre 2003. Les Etats-Unis avaient offert une prime de cinq millions de dollars pour sa capture et Islamabad avait ajouté une autre prime de 20 millions de roupies (285.000 euros). Aussitôt l'information rendue publique, la Maison-Blanche a réagi, à travers son ambassade à Islamabad, félicitant le Pakistan, un de leurs alliés dans la lutte antiterroriste. «Nous félicitons le gouvernement pakistanais pour la capture d'Abou Faraj Al-Libbi», a affirmé l'attaché de presse de l'ambassade américaine à Islamabad, Greggory Crouch. Pour leur part, des responsables des services de renseignement pakistanais estiment qu'Abou Faraj pourrait également avoir été en charge de «cellules dormantes» d'Al Qaîda en Europe et aux Etats-Unis. Selon eux, Abou Faraj et ses complices seraient actuellement interrogés par les enquêteurs pakistanais, dans un lieu qui n'a pas été précisé, dans l'espoir d'obtenir notamment des informations permettant de localiser Oussama Ben Laden lui-même. La plupart des militants présumés d'Al Qaîda arrêtés au Pakistan après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont été discrètement remis aux services de renseignement américains. Quelque 700 membres présumés d'Al Qaîda ont été arrêtés au Pakistan depuis qu'Islamabad s'est rangé aux côtés des Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme. Les autorités pakistanaises estiment qu'Abou Faraj a succédé à la tête du réseau Al Qaîda au Pakistan à Khaled Sheikh Mohammed, arrêté en mars 2003 à Rawalpindi, la ville-garnison jumelle d'Islamabad. Abou Faraj avait reçu une mission au Pakistan: «éliminer Musharraf», a poursuivi un haut responsable des services de sécurité pakistanais en soulignant qu'il «recevait ses instructions directement de Ben Laden». Il convient de rappeler que tous les autres hauts responsables d'Al Qaîda arrêtés au Pakistan l'ont été dans des zones urbaines éloignées de l'Afghanistan : le Koweïtien Khaled Sheikh Mohammed à Rawalpindi, le Saoudien d'origine palestinienne Abou Zubeida en mars 2002 à Faisalabad (est), le Yéménite Ramzi ben Al-Shaiba en septembre 2002 à Karachi (sud) et le Tanzanien Ahmad Khalfan Ghailani en juillet 2004 à Gujrat.