Dans cet entretien, notre confrère Kamel Amarni, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), revient sur les vraies raisons qui ont amené ce syndicat à lancer une pétition dans laquelle il s'oppose fermement à toute révision du code de l'information. Il met en exergue, en outre, le fait que la dépénalisation du délit de presse constitue un principe immuable dans l'action du SNJ, tout comme il dénonce le fait que le ministère de la Communication n'a, à ce jour, attribué aucun local à ce syndicat à même de lui permettre de remplir sa mission dans de bonnes conditions. Le Temps d'Algérie : Quel constat faites-vous de la situation de la presse algérienne après 21 ans d'expérience pluraliste ? Kamel Amarni, SG du SNJ : C'est une question très vaste, mais en résumé la presse algérienne a atteint l'âge de l'adolescence et elle doit en sortir. Après 21 ans d'expérience pluraliste, il est temps d'accéder à un stade adulte, d'où la pétition lancée récemment par le SNJ «pour une presse libre n'obéissant qu'aux règles universelles». La pétition en question s'oppose à toute velléité de révision du code de l'information. Pourrions- nous en savoir plus sur les vraies raisons d'une telle position, au moment où la pénalisation du délit de presse est toujours de vigueur ? Nous sommes convaincus que l'actuel code de l'information obéit dans son contenu aux normes universellement requises pour l'exercice du métier. Certains confrères nous reprochent de soutenir le statu quo. Néanmoins, on demande à ces derniers et notamment ceux qui appellent à la révision de l'actuel code de l'information d'être un peu plus précis dans leur réclamation. Qu'ils nous disent au moins ce qu'il y a lieu de réviser et ce qu'il faut laisser en l'état. Franchement, je ne vois toujours pas ce qu'ils désignent en termes de statu quo. D'autant plus que dans le contenu du code l'information, il prévu la réhabilitation du Conseil national de l'information. Ce qui signifie que dans le cas où ce conseil est de nouveau opérationnel, il n'y aura plus de tutelle gouvernementale sur la presse et cela impliquera même la disparition du ministère de la Communication, comme c'est le cas en France par exemple. Idem pour le Conseil national de l'audiovisuel dont la création permettra également la levée du contrôle du pouvoir sur la télévision. Ces deux instances susévoquées peuvent elles seules rendre possible la création du Conseil de l'éthique. Cela dit, il ne faut pas oublier que le contenu de l'actuel code l'information pour lequel nous réitérons notre refus quant à sa révision substantielle, il est aussi question de la convention collective et du statut du journaliste. S'agissant de la dépénalisation du délit de presse, cela constitue un principe immuable pour SJN. L'emprisonnement des journalistes pour délit de presse est absolument inacceptable. Mettant en avant un certain nombre de revendications d'ordre socioprofessionnel, des confrères tentent de s'organiser autour d'un nouveau collectif dénommé «l'initiative nationale pour la dignité de la presse». Quel est votre jugement à ce sujet ? On n'a aucun jugement à apporter sur cette initiative. C'est certain qu'on ne peut pas prétendre représenter à 100% les journalistes. Il y a parmi ces derniers ceux qui ne se reconnaissant pas dans notre syndicat, c'est leur droit le plus absolu. En même temps, personne n'a le droit de dénier notre existence en tant que syndicat.
Justement, en parlant du SNJ, des confrères n'hésitent pas à remettre en cause votre qualité de secrétaire général de ce syndicat. qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Depuis notre création en 1998, on nous reproche exactement la même chose. Laissez-moi vous dire que les membres du syndicat et les structures qui le composent ont procédé à des élections à l'issue desquelles j'ai été désigné en tant que secrétaire général. Et puis, je ne comprends pas pourquoi la presse apporte son soutien total à tous les autres syndicats sans évoquer la question de la légalité ou de la représentativité. Or, dès qu'il est question du SNJ qui est pourtant doté d'un agrément, force est de constater que cette même presse devient très pointilleuse sur les détails, alors qu'on n'a ni local, ni subvention ni quoi que se soit comme soutien. Beaucoup assimilent le syndicat national des journalistes à un véritable appareil doté de beaucoup de moyens. C'est faux. En réalité, nous ne sommes que des bénévoles et rien de plus. Comment qualifierez-vous la nature de la relation entre le SNJ et le ministère de la Communication ? En dépit du fait que le ministère de la Communication est perçu par le SNJ comme un partenaire incontournable, il y a lieu tout de même de souligner que ce département ne nous a jamais accordé nos droits, plus précisément en matière de locaux. Mais pour le reste, nous continuons à croire que le ministère de la Communication est notre interlocuteur, celui avec lequel nous discutons lorsqu'il s'agit de discuter et de défendre notre opinion lorsque c'est le cas aussi. Il est à préciser tout de même que toutes les revendications en vogue actuellement sont contenues dans un mémorandum que nous avons remis aux plus hautes instances de l'Etat à deux reprises, en 2007 et en 2009. Cela dit, depuis l'adoption du statut du journaliste en 2008, nous sommes toujours en train de nous battre pour la mise sur pied d'une convention collective pour l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des journalistes. Tout comme le SNJ prend en charge toutes les affaires judiciaires liées au harcèlement des journalistes. Entretien réalisé