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Kadhafi enterre les siens, la Turquie se prononce en faveur de son départ immédiat Les forces gouvernementales auraient commis des crimes contre l'humanité en Libye, selon la CPI
Les portraits du colonel Mouammar Kadhafi et les drapeaux uniformément verts de la Libye étaient portés à bout de bras pour l'enterrement de Seïf Al Arab, l'avant-dernier fils du Guide tué samedi soir lors d'un raid de l'Otan. Criant vengeance et sur fond de rafales d'armes, un millier de personnes se sont rassemblées près du cimetière des Martyrs Al Hani à Tripoli pour accompagner le cercueil recouvert de fleurs. «A bas, à bas Sarkozy», a scandé la foule à l'encontre du Président français dont le pays, avec la Grande-Bretagne, a été à l'origine de la résolution 1973 ayant autorisé l'intervention internationale en Libye. Seïf Al Arab a été inhumé en même temps que trois des petits-enfants du dirigeant. Ce raid violent contre l'entourage de Kadhafi serait pour beaucoup à l'origine des violents bombardements de dimanche à Misrata. «Le fils de Kadhafi a été tué et il s'agit donc d'une vengeance», a estimé le porte-parole du Conseil national de transition, Ahmed Omar Bani, à Benghazi. Le port de Misrata, essentiel pour l'approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, a été lourdement bombardé par les forces gouvernementales. Port dont l'accès est toujours impossible pour les bateaux humanitaires car les forces loyalistes l'ont truffé de mines. Des médecins de Misrata, libyens et étrangers venus les aider, ont souligné le fait que des patients grièvement blessés ou malades mouraient faute de soins adéquats, les hôpitaux étant saturés. Malgré ces conditions désastreuses, les rebelles tiennent bon. Deux chars des forces pro-Kadhafi ont été détruits dans les faubourgs de Misrata. L'armée tunisienne a renforcé pour sa part hier sa présence à sa frontière sud avec la Libye, près du poste-frontière de Dehiba, après des combats qui ont opposé dans le secteur forces kadhafistes et forces rebelles. Des soldats tunisiens ont aménagé de nouvelles positions de part et d'autre de la route à 500 m du poste frontière. Des membres de la garde nationale tunisienne portaient désormais gilets pare-balles et fusils d'assaut. Des réfugiés de Libye, fuyant les combats entre Zenten et Tripoli, ont continué de franchir régulièrement la frontière. Selon la police tunisienne, ils étaient 3100 dimanche et 1440 hier. Sur un tout autre registre, les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) ont la preuve que les forces de Mouammar Kadhafi ont commis des crimes contre l'humanité en Libye, a déclaré le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo. Le magistrat argentin a indiqué qu'il recommanderait l'émission de mandats d'arrêt auprès de la chambre préliminaire de la CPI. «Nous avons des preuves solides sur le début du conflit, les tirs contre des civils», a-t-il expliqué, ajoutant que le fait de tuer des civils désarmés pouvait être qualifié de crime contre l'humanité. «Nous avons également des preuves solides du crime de persécution», a-t-il dit. «Pour ces deux crimes, nous avons beaucoup de preuves», a déclaré Luis Moreno-Ocampo, qui rend aujourd'hui compte de l'enquête devant le Conseil de sécurité. Sur le plan diplomatique, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré, à partir d'Istanbul, que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi doit «immédiatement» quitter le pouvoir et la Libye pour mettre un terme à l'effusion de sang dans son pays. Pour sa part, James Appathurai, le sous-secrétaire de l'Otan chargé des problèmes politiques, a déclaré hier que le Conseil de sécurité de l'Onu doit adopter une nouvelle résolution sur la situation en Libye. «Oui, je crois que le Conseil de sécurité doit adopter une nouvelle résolution sur la Libye, car la résolution 1973 ne prévoit pas la réalisation d'opérations au sol. Alors, pour entamer de telles actions, il est nécessaire d'adopter une nouvelle résolution», a indiqué l'intéressé lors d'un entretien avec les étudiants de l'Université linguistique d'Etat de Moscou. Cependant, M. Appathurai a souligné que la coalition occidentale n'avait pas pour ambition de renverser le régime politique libyen.