Le principe de la démocratie du dialogue et de la concertation sera consacré dans les réformes politiques annoncées par le chef de l'Etat dans son discours à la nation par l'organisation, tout prochainement, de rencontres pour recueillir les propositions des partis et autres personnalités nationales. Ce principe a été réitéré lundi par le conseil des ministres qui souligne la nécessité de cette démarche engageant l'avenir de l'Etat républicain. En ouvrant le dialogue aux partis politiques, le président de la république veut impliquer toutes les forces vives de la nation devant leur responsabilité dans la gestion future du pays. «Les partis politiques et les personnalités nationales seront largement consultés sur toutes les réformes politiques à promouvoir», a indiqué le chef de l'Etat. En raison de la complexité de cette entreprise, le président Bouteflika a jeté son dévolu sur Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, pour conduire ces consultations. M. Bensalah a été choisi pour sa «longue expérience, sa profonde connaissance de la scène politique nationale». Dans sa délicate tâche, le président du Sénat aura, à la tête d'une commission constitutionnelle, comme lourde mission de recueillir les avis et propositions des uns et des autres en dehors de leur casquette politique, tant que le président Bouteflika est à la recherche d'un consensus national n'excluant aucune force politique présente et aucun citoyen. Une fois son travail achevé, cette commission le présentera au président de la République et la mouture finale sera soumise au Parlement comme en dispose la loi fondamentale. «Dans le cas où le projet de révision constitutionnelle se révèle profond, le peuple devra en disposer en toute souveraineté par voie d'un référendum transparent». L'aspect profond tiendrait en compte le respect des principes fondamentaux et des composantes de l'identité nationale que sont l'islam, l'arabité et l'amazighité. Le chef de l'Etat a tenu a rappeler que la Constitution dispose, en son article 178, que nulle révision constitutionnelle ne saurait porter sur le caractère républicain de l'Etat, l'ordre démocratique basé sur le multipartisme, l'islam religion d'Etat, l'arabe langue nationale et officielle, les libertés fondamentales et les droits de l'homme et du citoyen, l'intégrité et l'unité du territoire national, ainsi que l'emblème national et l'hymne national en tant que symboles de la Révolution et de la République. La mise sur pied de cette commission explique la volonté de l'Etat de regrouper les formations politiques «agissantes» de différentes sensibilités et des constitutionnalistes avérés. La révision de la loi sur les partis politiques doit permettre, elle aussi, une contribution «plus efficace» des partis au processus de «renouveau» du pays, avait indiqué le président Bouteflika pour qui cette loi est un premier pas vers la refonte recherchée du dispositif législatif sur lequel se fonde la pratique démocratique. Outre ces reformes, la révision «profonde» de la loi électorale s'inscrit elle aussi dans cette logique de consolidation de la consultation continue. L'ouverture de la porte du débat à tous les partis politiques est un autre signe fort de la volonté du chef de l'Etat à faire participer tout le monde pour l'élaboration du nouveau système électoral permettant aux citoyens d'exercer leur droit électoral dans des conditions «empreintes de démocratie et de transparence». Cette manière de faire, la première du genre, marque une rupture avec une pratique qui voulait que le gouvernement élabore un projet de loi électorale puis le soumet au vote du Parlement. Cette nouvelle loi électorale se devait de codifier des mesures en mesure de garantir la transparence et la régularité des scrutins, y compris par la supervision des élections par des observateurs internationaux, et là aussi en concertation avec tous les partis agréés. Cette implication se veut une assurance pour la garantie d'une bonne assise dans la gestion des affaires de l'Etat et de la vie politique du pays. Même la «bataille» à livrer aux fléaux sociaux «ne peut être remportée qu'avec la participation de toutes les catégories de la population», soulignait le chef de l'Etat. C'est en ce sens que le mouvement associatif sera réhabilité en tant qu'espace d'arbitrage et d'intermédiation entre gouvernants et gouvernés. Dans le même élan de préoccupation pour le renforcement de la démocratie, le président Bouteflika avait annoncé une nouvelle loi sur l'information qui compléterait la législation actuelle, introduirait des repères pour l'élaboration d'une charte déontologique et consacrerait surtout la dépénalisation du délit de presse. C'est en ce sens qu'il a été annoncé l'organisation des assises nationales de concertation autour de la situation du métier de journaliste. Le ministre de la Communication avait récemment soutenu que le code de l'information fait partie des réformes politiques importantes annoncées. L'esprit de participation a été aussi relevé par le ministre qui a souligné que «le code de l'information n'est pas l'affaire d'un ministre ou d'un gouvernement, mais l'affaire de la corporation qui doit être au niveau de la responsabilité qui est la sienne».