Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamal Ould Abbas, a estimé jeudi que la menace des médecins résidents d'aller vers une démission collective n'avait «aucun sens» et même qu'ils en seraient «les seuls perdants». Tout en appelant les médecins résidents, en grève depuis le 28 mars, une nouvelle fois à la raison et à la sagesse, Djamal Ould Abbas, qui s'exprimait jeudi en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la nation, a affirmé qu'«aller vers une démission collective n'a aucun sens». Les médecins «seront les seuls perdants», a-t-il ajouté, indiquant à cet égard qu'il devait se réunir jeudi après-midi avec son homologue de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les cadres des deux ministères, le doyen de la Faculté de médecine, et des représentants des médecins résidents. Cette réunion, a-t-il précisé, va porter sur les problèmes soulevés auparavant et l'application de ce qui a été décidé par la réunion des doyens à la conférence nationale tenue la semaine passée. Considérant «légitimes» les revendications des médecins résidents, notamment celles qui ont trait aux indemnités, aux conditions de travail ou au volet pédagogique, M. Ould Abbas a rappelé que l'abrogation du service civil obligatoire n'était pas du ressort du ministère de tutelle. Le service civil n'est pas «une punition» mais relève plutôt du «devoir de solidarité», selon le ministre qui affirme comme pour rassurer que le service civil, dont l'abrogation est la principale revendication des résidents, «ne va durer éternellement», «même si ça demande du temps» pour l'abandonner, a-t-il dit, rappelant l'annulation en 1993 du service civil imposé jusque-là aux médecins généralistes. «Dans deux ou trois ans peut-être, progressivement, nous n'aurons plus besoin du service civil pour les médecins résidents», a assuré le ministre, réaffirmant que les résidents protestataires étaient «les bienvenus pour un dialogue ouvert et transparent sans toutefois imposer quoi que ce soit», à leur tutelle, a-t-il prévenu. La grève des résidents ou leur «démission» risque de paralyser totalement le secteur dans la mesure où l'intersyndicale de la santé publique a elle aussi annoncé une grève illimitée à partir du 16 mai. Le ministre a indiqué en réponse à une question d'un membre du Conseil de la nation, qu'une bonne partie d'une promotion de 1660 médecins spécialistes sera affectée dans le sud du pays, soulignant que les conditions difficiles auxquelles font face les populations du Sud en matière de santé sont inacceptables. Les conditions sociales des médecins seront prises en charge en leur garantissant un logement, la revalorisation des salaires et d'autres mesures incitatives, a-t-il dit.
Pas de pénurie de médicaments Le ministre a en outre affirmé en marge de la même plénière qu'il n'y aura pas de pénurie de médicaments cette année. «Cette année, il n'y aura pas de pénurie de médicaments», a-t-il déclaré tout en affirmant que le secteur prévoit même de «dépasser les 70% de couverture des besoins nationaux par la production nationale, à l'horizon 2014-2015». L'investissement dans le secteur intéresse aussi bien les nationaux que les étrangers, selon le ministre qui a indiqué que «40 dossiers» d'investisseurs ont été déposés pour la fabrication de médicaments princeps et génériques, ajoutant qu'ils allaient être présentés au Comité national des investissements pour leur agrément. Après avoir découvert des anomalies liées notamment à la surfacturation sur le marché national, a rappelé Ould Abbas, le ministère a pris des mesures en vue de renforcer le «contrôle et la transparence», en recevant «régulièrement les pharmaciens producteurs, importateurs et conditionneurs».