Très critique envers le pouvoir, le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, a rejeté en bloc hier pour «avoir une certitude qu'il n'y a aucune volonté de changement», les réformes annoncées par le chef de l'Etat qu'il qualifie de «réformes du ventre». Devant quelques centaines de militants et sympathisants venus de la région d'Alger et d'ailleurs, le 1er secrétaire national du FFS qui s'exprimait lors d'un meeting populaire à El Harrach a d'abord parlé de la nécessité d'un changement pacifique «sans aucune goutte de sang», car le FFS «a choisi d'aller vers le peuple pour le convaincre au lieu de taper un policier», allusion claire à son frère ennemi Saïd Sadi, avant de s'indigner de la nomination par le chef de l'Etat du président du conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, à la tête de la commission de réformes politiques. Le fait d'avoir chargé ce dernier de conduire les consultations avec les partis et les personnalités «n'est pas du tout sérieux», selon Tabbou qui réclame «au moins qu'on change l'image». Affirmant avoir une certitude que «le pouvoir n'a aucune volonté de changement», Tabbou attend «des actes concrets» au lieu de nommer «le chef des cow-boys», réclamant un nettoyage «écologique». La révision de la constitution annoncée n'est qu'un leurre aux yeux du responsable du FFS qui mettra en exergue, pour étayer ses dires, les révisions successives qu'ont subies plusieurs constitutions depuis 1962 avec un clin d'œil à la Constituante. «La loi suprême ne peut même pas se protéger contre le premier des clandestins qu'est le pouvoir», a-t-il ironisé non sans dire que chaque président a eu sa propre constitution. Se référant aux valeurs de novembre, Tabbou réclame un changement avec le peuple, accusant le pouvoir de vouloir de par la corruption aussi bien politique que sociale «faire de ce pays une grande salle d'attente». Pour Tabbou, les réformes que veut le pouvoir sont des «réformes du ventre», dont le FLN n'est pas client et ses actes sont selon lui tous destinés à trouver des clients. Il accusera au passage la classe politique d'«avoir failli» être «en déphasage avec le peuple», affirmant que le FFS est le parti de l'espoir qui s'attache aux valeurs de novembre. Pour Tabbou, qui réaffirme le soutien total du FFS aux étudiants qui se battent pour la démocratisation de l'université, la seule richesse de l'Algérie, «c'est sa jeunesse et non pas le pétrole». Le FFS, a estimé l'intervenant, va dans ce sens, annonçant d'autres rencontres à travers le pays.