George Mitchell, l'émissaire US pour le Proche-Orient, a fini par jeter l'éponge après deux ans de bons et loyaux services au sein de l'administration Obama. Aussi, après 24 mois d'échecs successifs à relancer un processus de paix qu'Israël a pendu des pieds, refusant de stopper la colonisation ne serait-ce que durant trois heures. Force d'admettre que les allers-retours de Mitchell, au nombre incalculable, n'ont rien réglé du tout. Parce que le «miracle» n'a pas eu lieu que l'envoyé spécial de Washington a choisi de ranger définitivement sa valise au grenier ? Officiellement, il est parti pour des raisons strictement personnelles. Le négociateur de la paix en Irlande du Nord avait même laissé entendre qu'il quitterait son poste au bout de deux années. Il a tenu parole, mais il est évident que George Mitchell part tout tristounet. La paix n'est toujours pas au rendez-vous. Le président Obama aurait-il tenté de le retenir, au moins pour les mois à venir ? Surtout que son départ interpelle à plus d'un titre du fait qu'il intervient à quelques jours du discours tant attendu du locataire de la White House sur la politique US au Proche et Moyen-Orient. Et pas n'importe quel discours, c'est de la nouvelle stratégie américaine de l'après-mort de Ben Laden et des révolutions arabes dont il s'agira. Comme les spéculations vont déjà bon train, il reste à se demander si le départ de George Mitchell n'est pas justement lié au contenu de cette vision recentrée de la politique étrangère américaine dans cette région du monde. Aurait-il été totalement contre ou se serait-il contenté de quelques réserves à ce propos ? Le président Obama a fait vite de prendre ses devants, déclarant à l'occasion de l'annonce des adieux de Mitchell qu'il demeure pleinement engagé en faveur de la relance du processus de paix palestino-israélien, les Syriens étant occupés ces temps-ci à remettre de l'ordre chez eux par la force d'ici à ce que Bachar Al Assad écoute les conseils du Premier ministre turc qui a estimé trop tôt le fait de se prononcer sur le départ du jeune maître contesté de Damas. En disant sa détermination en faveur de la relance des pourparlers de paix, Barack Obama a-t-il mis fin à l'espoir partagé par tous ceux qui ont songé un instant qu'il pourrait reconnaître unilatéralement l'Etat de Palestine, notamment à celui de certains de ses alliés européens ? En réitérant son attachement à une solution négociée, avec en tête la prochaine présidentielle américaine, il est clair que le Président américain n'a aucun intérêt à se mettre à dos son fidèle allié israélien. Après tout, le Hamas palestinien, qui prendrait part d'office à d'éventuelles négociations, n'a pas été retiré de la liste des organisations terroristes. Pis, il n'a pas fait de pas vers la reconnaissance de l'Etat d'Israël. Au regard de la position de l'administration de Washington, Barack Obama marcherait sur les traces de Nicolas Sarkozy qui préfère attendre à quoi va aboutir, du moins à quoi elle va ressembler, la prochaine conférence de paix à Paris pour pouvoir avancer ses pions de quelques cases. C'est dire que lors de la prochaine visite de Benjamin Netanyahou aux Etats-Unis, le Président US pourrait se limiter à des formules diplomatiques aussi vagues les unes que les autres, se contentant de rappeler le caractère sacré de l'alliance américano-israélienne. A ce point Barack Obama prête de l'attention à la prochaine initiative de paix de la France alliée ? Deux ans après son «Salam, merci et au revoir» à l'université du Caire, les vetos US à l'Onu…, tout semble bon à prendre. L'échec de la relance du processus de paix a été d'abord le sien, sur fond de responsabilité partagée.