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Une occasion pour Alger de redemander le report du démantèlement tarifaire Le commissaire à l'Elargissement et la politique européenne de voisinage à Alger
Le commissaire européen à l'Elargissement et la politique européenne de voisinage, Stefan Füle, effectuera aujourd'hui une visite en Algérie. Accompagné d'une délégation composée de plusieurs hauts responsables de la Commission européenne et du Service européen d'action extérieure en charge des dossiers de la Méditerranée et du Maghreb , M. Füle sera reçu par Ahmed Ouyahia, Premier ministre et M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères et Mustapha Benbada, ministre du Commerce et Karim Djoudi, ministre des Finances. Durant son séjour qui se poursuivra demain, il rencontrera aussi des représentants d'organisations non gouvernementales dans l'objectif de renforcer le dialogue avec la société civile. Parmi les questions qui seront abordées figurent les relations entre l'Algérie et l'UE. Le ministre du Commerce réitérera la demande algérienne pour réviser le calendrier du démantèlement douanier prévu dans l'accord d'association en raison d'un déséquilibre dans les échanges commerciaux hors hydrocarbures à l'avantage de la partie européenne. La révision du démantèlement, avait précisé le ministre au Conseil de la nation, concernera les produits industriels ainsi que les avantages préférentiels dont bénéficient les produits agricoles et agroalimentaires pour, a-t-il expliqué, «limiter les effets négatifs induits par le démantèlement douanier». L'Algérie demande à l'UE de reporter à 2020 la mise en application de la zone de libre-échange prévue en 2017 afin de protéger les secteurs agricole et industriel de la concurrence et accorder un délai suffisant pour leur mise à niveau. L'Algérie conteste le déséquilibre de l'accord qui est, selon elle, au profit des pays de l'UE. Cependant, seul le manque à gagner pour le Trésor public, évalué par le ministère des Finances à 2,5 milliards de dollars, a été mis en avant comme preuve du déséquilibre de l'accord d'association. M. Benbada a exprimé «la volonté politique de l'Algérie de faire de l'accord d'association un outil de coopération et de soutien à l'intégration économique entre les deux parties», reconnaissant que la partie algérienne avait bénéficié, dans le cadre de l'accord, de plusieurs programmes de mise à niveau au profit des entreprises économiques et d'assistance technique du secteur industriel national. Outre le déséquilibre commercial, l'Algérie, par la voie de son ministre des AE, juge que les investissements européens sont faibles et ne répondent pas aux aspirations algériennes. Mais la partie européenne réfute cette accusation en plaidant pour une amélioration du climat des affaires en Algérie. C'est ce qu'a confirmé M. Medelci en annonçant une révision du cadre des investissements qui sera engagée après consultation des opérateurs nationaux. Selon le MAE, la venue à Alger de Stefan Füle sera l'occasion de vérifier l'existence de prémices d'un accord pouvant intervenir lors de la prochaine réunion du Conseil d'association Algérie-Europe qui se tient en général au mois de juin. Confiant, M. Medelci a révélé que l'accord de principe était acquis et la commission technique algéro-européenne qui planche sur le sujet a beaucoup avancé. Malgré le bilan négatif établi, l'Algérie devra argumenter et prouver les incidences de l'accord sur les entreprises algériennes, sachant que le plus important préjudice provoqué à l'économie algérienne émane de pays asiatiques qui exportent vers notre pays des produits contrefaits et de moindre qualité. Dans le document intitulé «Instrument européen de voisinage et de partenariat, document de stratégie 2007-2013 et programme indicatif national 2007-2010», il est clairement indiqué que l'Algérie doit «améliorer de manière durable la compétitivité des entreprises algériennes tant sur le marché national que sur les marchés régional et/ou international», comme elle est appelée à «améliorer la compétitivité de l'économie algérienne et son intégration dans l'espace méditerranéen». Ces objectifs, selon certains représentants du patronat algérien, ne sont pas réalisés, en dépit des efforts engagés par les pouvoirs publics. Le développement d'une économie hors hydrocarbures reste un but à atteindre. La vulnérabilité de l'économie algérienne à la volatilité des prix du pétrole demeure une question d'actualité alors que cette dépendance des recettes pétrolières devait être résolue avant même la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'UE. Selon certains experts économiques, les raisons du blocage sont à identifier au niveau local. La demande du report du démantèlement tarifaire n'est qu'une proposition à même d'apaiser le courroux des entreprises qui ne cessent de contester les entraves bureaucratiques, les difficultés d'accès au foncier industriel et bancaire. Le renforcement de la productivité du système fiscal, la lutte contre le blanchiment d'argent, la modernisation du processus budgétaire, l'amélioration de l'efficacité et de la transparence de l'action économique et sociale des pouvoirs publics au sein de la politique budgétaire sont autant de projets que devra concrétiser le gouvernement algérien.