Une véritable démonstration de force et de solidarité a été vécue avant-hier à Béni Douala, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, à l'occasion de la marche populaire organisée pour demander une fois de plus la libération du jeune Mourad Bilek (18 ans), kidnappé mercredi 11 mai au lieu-dit Tala Bounane, près d'Ath Aïssi, par un groupe armé. Plus d'un millier de personnes ont tenu à répondre favorablement à l'appel lancé par la coordination des comités de village de Béni Douala. Vers 10h30, une foule nombreuse était déjà rassemblée devant le siège de l'APC du chef-lieu de Béni Douala, avant de donner le coup d'envoi à une marche grandiose. En plus de la famille de la victime, les citoyens de la daïra et autres venus de différents coins de Tizi Ouzou, les élus des quatre communes (Ath Mahmoud, Béni Zmenzer, Ath Aïssi et Béni Douala) devancés par leurs P/APC, ont participé à la marche. Des élus à l'APW de Tizi Ouzou issus de la région, mais aussi ceux du RCD, à leur tête Mahfoud Belabbas, ainsi que des députés se sont déplacés pour apporter leur soutien à la famille Bilek, et dénoncer un phénomène qui dure depuis 2005 en Kabylie. «Libérez Mourad !», «Stop au kidnapping», pouvait-on lire sur deux banderoles brandies par les marcheurs, qui tout au long de leur itinéraire, scandaient des slogans appelant à la libération de la victime. Arrivés devant le siège de la daïra, une halte a été observée et une déclaration a été lue par un membre de la cellule de crise, avant qu'une copie soit remise au chef de daïra. L'Etat doit assumer ses responsabilités A travers cette déclaration, les comités de village de la daïra ont tenu à dénoncer ce kidnapping qui dénote selon eux «l'absence de sécurité dans la région». «Les citoyens de la daïra relèvent également l'absence de réaction et d'intervention de la part des services de sécurité», li-t-on dans le même document en notre possession. Pour mettre fin au climat d'insécurité qui règne à Tizi Ouzou, les rédacteurs de la déclaration ont «exigé» de l'Etat à «assumer ses responsabilités», en mettant tous les moyens pour «la libération immédiate et sans condition du jeune Mourad Bilek, et assurer la sécurité à tous les citoyens». En effet, c'est la première fois, faut-il le signaler, que les citoyens de cette région interpellent les pouvoirs publics depuis l'enlèvement de Mourad. Des actions populaires ont déjà eu lieu, sans pour autant s'adresser aux responsables. Rappelons la grève générale qui a paralysé toute la daïra de Béni Douala et d'autres communes avoisinantes, et la caravane lancée mercredi lorsque des centaines de citoyens ont sillonné les alentours des forêts de la région, pour s'adresser aux ravisseurs les appelant à la libération sans condition de l'otage. L'imposante marche qui s'est poursuivie après, jusqu'au siège de la sûreté urbaine de daïra, s'est déroulée dans une parfaite organisation. Sur place, une copie de la déclaration a été remise aux responsables de sécurité, avant que les citoyens se dispersent dans le calme total, mais déterminés à rester mobilisés et surtout solidaires jusqu'à revoir parmi eux Mourad sain et sauf. Dans un appel à la grève placardé un peut partout à Tizi Ouzou, toute la population de la wilaya est conviée à observer une journée de grève générale demain. Par ailleurs, dans une autre action, une délégation d'élus issus du aarch n'Ath Douala, entre élus locaux, APW et APN, se déplaceront au siège de la wilaya pour rencontrer le wali Abdelkader Bouazghi, afin de lui exposer la situation, indiquent des sources locales. Mourad Bilek, âgé de 18 ans, est en captivité depuis 10 jours, et aucun contact n'est pour le moment établi entre ses ravisseurs et sa famille.