La région du Sahel est bel et bien menacée, pas seulement par le terrorisme et d'autres organisations criminelles, dont celles de la contrebande d'armes, mais aussi par une intervention militaire étrangère qui ne ferait que compliquer la situation déja inquiétante en faveur de l'instabilité et d'une «irakisation» du Maghreb arabe. Les quatre pays du Sahel (Algérie, Niger, Mali et Mauritanie) réunis vendredi dernier à Bamako ont passé en revue les différentes menaces représentées par la situation en Libye, la stabilité dans la région et la sécurité des ressortissants des pays concernés, contraints de passer par la région du Sahel pour se rendre sur leur lieu de travail. Ils seraient des milliers à travailler de part et d'autre des frontières, selon une source qui ajoute que ceux-ci pourraient devenir des victimes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui se déplace dans la région, empruntant de moins en moins le Tassili algérien, mais arrivant de plus en plus de Benghazi, après avoir établi son quartier général au nord du Mali. La décision prise par les quatre pays de mobiliser des dizaines de milliers de militaires dans la région aura donc plusieurs buts, dont celui de «ratisser» toute la région et d'intercepter tout convoi d'armes, la localisation et l'arrestation de terroristes, assurer la sécurité des travailleurs se déplaçant dans la région, lutter contre les autres organisations criminelles, dont celle de la contrebande d'armes et des enlèvements. Les terroristes qui, grâce au conflit armé ayant lieu en Libye, pourraient se surarmer, se déplaceraient au Sahel à bord de véhicules tout-terrains, menaceraient tous les convois transitant par la région. D'une aide précieuse, de plus en plus nombreux sont les touaregs qui, conscients des enjeux et de la menace, se joignent à l'Armée nationale populaire (ANP) pour participer aux patrouilles dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et autres organisations criminelles dans le Sahel, selon des notables du Sud. «Ils peuvent être d'un apport important en matière de renseignements sur les déplacements des organisations criminelles», selon notre source. «Il va falloir renforcer les capacités. Il va falloir créer entre nous des passerelles pour qu'il y ait au niveau militaire et au niveau sécuritaire du renseignement une certaine cohésion», a déclaré Abdelkader Messahel, ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, conduisant une délégation représentant l'Algérie à la rencontre du 20 mai en cours. Les Touaregs des autres pays du Sahel se joignent à la lutte, et les renseignements recueillis seront communiqués aux quatre pays en vue de la coordination de l'intervention ou autre opération à mener contre les terroristes ou autres organisations criminelles. Le branle-bas de combat ne concerne pas uniquement la lutte contre le GSPC ou Aqmi mais illustre la volonté des quatre pays à empêcher toute intervention militaire étrangère dans la région du Sahel et sa transformation en deuxième Irak, faisant l'affaire de Abou Mossaab Abdelouadoud et de ses acolytes et de ceux qui, au nom de cette menace, tentent de s'installer dans la région.