La menace de déclencher une grève générale illimitée à partir de cette semaine par les travailleurs des caisses d'assurances sociales et des fonds des œuvres sociales a provoqué une véritable chasse aux sorcières. Les délégués syndicaux et coordinateurs qui ont appelé au débrayage font l'objet, selon des sources syndicales, d'«intimidations et de pressions» de la part des directeurs généraux et de la centrale syndicale. Les employés de ce secteur menacent d'adhérer aux syndicats autonomes, notamment le Snapap, si l'UGTA n'intervient pas dans l'intérêt des revendications exprimées il y a quelques jours. En effet, les syndicalistes qui ont demandé lundi à la centrale syndicale de suspendre les négociations menées actuellement par de «pseudos syndicalistes» avec les directions générales des caisses et de tenir un congrès national en vue d'élire une fédération nationale représentative subissent des «pressions» multiples, notamment l'interdiction de sortir du bureau sans «motif» et sans «autorisation écrite». Selon nos sources, des coordinateurs de wilayas ont été invités par les unions locales de l'UGTA à plus de retenue et à cesser de brandir des menaces de débrayage. Il se trouve que même «les réunions et autres regroupements sur les lieux de travail sont interdits», selon nos sources. «Des responsables du ministère du Travail et de la sécurité sociale n'ont pas apprécié notre mouvement et veulent nous diviser. Ils ont menacé de sanctionner les travailleurs et les syndicalistes», a tenu à confier notre source. Les travailleurs de la sécurité sociale ont menacé, le 23 mai dernier, d'entamer une grève illimitée. Des coordinateurs et secrétaires généraux de 36 wilayas représentant ce secteur qui ont tenu un rassemblement dans l'enceinte de la centrale syndicale ont remis une déclaration au secrétariat général du l'UGTA, où sont exposées les principales revendications. Il s'agit du départ de la commission «installée par l'UGTA» pour la préparation du congrès de la fédération nationale des travailleurs du secteur des caisses d'assurances et des œuvres sociales et de la désignation de «vrais représentants en mesure de prendre en charge valablement les revendications des travailleurs». Pour les coordinateurs et secrétaires généraux, les négociations entamées entre la commission provisoire et les différents directeurs généraux sur les salaires des travailleurs sont «illégitimes». Ladite commission «a été déviée de ses missions et ne peut, de part sa représentativité, défendre les intérêts des salariés», estiment-ils, en indiquant que «les membres de la commission ont été installés par le secrétariat national de l'UGTA afin de préparer un congrès national de la Fédération des travailleurs du secteur de la sécurité sociale». En attendant la réponse de l'UGTA, les travailleurs ont indiqué que le siège de la commission se trouvant au 90, rue Didouche Mourad à Alger, a été fermé. Le président de la commission, M. Ghelmi, cadre supérieur à la Cnas de Ben Akoun, aurait entrepris des visites auprès des sections syndicales locales, notamment à Boumerdès et à Tizi Ouzou, en vue de rassurer les employés. Des visites qui «n'ont pas permis de convaincre les travailleurs sur la nécessité du gel de la grève». Selon nos sources, les coordinateurs syndicaux vont tenir ces jours-ci des réunions pour décider des suites à donner à leur mouvement.