Les travailleurs de la sécurité sociale ont menacé hier d'entamer une grève illimitée la semaine prochaine. Les coordinateurs et secrétaires généraux de 36 wilayas représentant ce secteur ont tenu hier un rassemblement dans l'enceinte de la centrale syndicale. Les syndicalistes ont débattu à cette occasion de la situation socioprofessionnelle des salariés des différentes caisses nationales d'assurances et des fonds des œuvres sociales. Un débat qui a permis aux représentants syndicaux de rendre publique une déclaration où sont exposées les principales revendications. Il s'agit du départ de la commission «installée par l'UGTA» pour la préparation du congrès de la fédération nationale des travailleurs du secteur des caisses d'assurances et des œuvres sociales et de la désignation de «vrais représentants en mesure de prendre en charge valablement les revendications des travailleurs». Pour les coordinateurs et secrétaires généraux, les négociations entamées entre la commission provisoire et les différents directeurs généraux sur les salaires des travailleurs est «illégitime». Ladite commission «a été déviée de ses missions et ne peut, de part sa représentativité, défendre les intérêts des salariés», estiment-ils en indiquant que «les membres de la commission ont été installés par le secrétariat national de l'UGTA afin de préparer un congrès national de la Fédération des travailleurs du secteur de la Sécurité sociale». Selon les coordinateurs syndicaux rencontrés hier, les directeurs généraux des caisses nationales d'assurances (Cnas, Casnos, CNR, Cacobath…) veulent anticiper sur le mouvement de contestation sociale en entamant depuis quelques jours des négociations sur les revendications salariales. Les syndicats contestent le travail entrepris par la commission en ce sens qu'elle n'a pas été mandatée par la base et ne dispose d'aucune légitimité. Les coordinateurs revendiquent la dissolution de cette commission dont les membres n'ont pas «la qualité de syndicalistes». Le secrétariat général de l'UGTA a été saisi officiellement par la remise d'une déclaration et d'une liste de signatures des coordinateurs et secrétaires généraux de 36 sections syndicales demandant le départ sous huitaine de la commission. Les documents ont été remis hier au chef de cabinet du secrétaire général de la centrale syndicale. Passé ce délai de 8 jours, et en l'absence d'une réponse favorable de la centrale syndicale, les travailleurs envisagent de recourir à une grève nationale illimitée. Une mutation «Cette fois-ci, nous avons décidé d'aller jusqu'au bout. Nous sommes des Algériens à part entière et nous avons le droit au même titre que les travailleurs de Sonatrach, de Sonelgaz et des médecins de la santé publique, ainsi que les policiers, d'exiger une augmentation conséquente. Depuis les hausses des salaires des travailleurs de la Fonction publique en 2008, nous n'avons rien vu venir. Quelle est la raison ? Est-ce qu'ils sont plus Algériens que nous ? Est-ce qu'ils travaillent plus que nous ? Nous sommes en droit d'avoir des réponses. Les responsables trouvent toujours les moyens financiers pour acheter des voitures luxueuses inutiles, changer les salons et augmenter leurs revenus. Mais quand il s'agit des salaires des travailleurs, on nous sort des arguments fallacieux qui ne tiennent pas la route», a tenu à nous dire un des membres de la section syndicale de l'agence Cnas se trouvant sur l'avenue 1er novembre à Alger. Selon les travailleurs, la mutation du directeur général de la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas), Berrabah Zebbar, vers la Caisse des congés payés des travailleurs du bâtiment, décidée récemment par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, est due à son engagement de répondre aux revendications des travailleurs notamment la valorisation du point indiciaire de 31 à 41. L'engagement de l'ex-DG de la Cnas pris en mars dernier lui a valu, selon les syndicalistes, une décision de mutation prise par le ministère du Travail. Les travailleurs doutent de la «sincérité des dirigeants actuels de répondre aux revendications exprimées surtout que les négociateurs sont illégitimes».