Une pétition rédigée par l'historien Ali Farid Belkadi et à laquelle se sont joints des personnalités, amies de l'Algérie, et des figures politiques confondues a été lancée. L'objectif de cette démarche vise à sensibiliser l'Etat algérien à «entreprendre diligemment auprès de l'Etat français les démarches nécessaires au rapatriement en Algérie des restes mortuaires de résistants algériens conservés dans les musées français». Il est utile de souligner que les crânes appartenant à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Chérif «Boubaghla», à Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaâtchas et de bien d'autres figures sont actuellement exposés au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Les signataires de cette pétition «appellent le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le gouvernement algérien à intervenir auprès de l'Etat français «afin que les restes soient rapatriés vers l'Algérie». L'appel est également adressé «aux membres influents de la société française» lesquels sont «invités à se joindre à la cause convoitée par les rédacteurs de la pétition» qui rappellent que «les insurrections des Algériens contre la France coloniale sont consommées depuis bien longtemps». Dans un chapitre, les signataires de la pétition rappellent le droit concédé par le Parlement français en réponse aux revendications du peuple maori de Nouvelle-Zélande. En effet, rappellent-ils, «une proposition de loi exigeant la restitution de toutes les têtes maories détenues en France» a été adoptée le 4 mai 2010 par le Parlement français, à l'issue d'une bataille engagée depuis de longues années par le peuple maori de Nouvelle-Zélande, précisant que «la première tête d'un guerrier maori momifiée qui était conservée au museum de Rouen depuis 1875 a ainsi été restituée lundi 9 mai à des émissaires néozélandais du musée Te Papa Tongareva de Wellington» et que «la restitution des autres dépouilles maories doit se poursuivre au cours des mois à venir». Les signataires soulignent qu'«aucune culture ne saurait souscrire et aucune croyance ne peut admettre les manquements détestables aux règles morales les plus rudimentaires». Evoquant la mutilation des corps, ils indiquent qu'«aucune pratique de piété ne peut permettre qu'un corps soit délibérément séparé d'un bras (mutilé), d'une jambe ou de la tête pour finir naturalisé dans un musée pour la postérité. Sauf à faire volontairement don de son corps à la recherche scientifique ou pour des raisons médicales envers son prochain». Des crânes humains présentés comme «des trophées de guerre ?» Par-delà les tactiques et les calculs politiciens, partant du principe démocratique que l'influence citoyenne sur les décideurs peut être non-négligeable, les signataires de la présente pétition demandent aux autorités françaises, «d'étendre aux restes mortuaires des dizaines de partisans algériens à la colonisation, actuellement conservés dans les musées français, le bénéfice de la loi adoptée par le Parlement de la France, qui préconise la restitution de toutes les têtes maories détenues en France». A ce sujet, et d'une manière explicite, ils affirment qu'«il ne saurait y avoir deux poids deux mesures dans le traitement des dépouilles humaines conservées dans les musées de France». Parmi les restes qui ont été identifiés au Museum national d'histoire naturelle de Paris, figurent les crânes de Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Chérif «Boubaghla», de Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaâtchas, de Moussa El Derkaoui, de Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui. La tête momifiée d'Aïssa Al Hamadi, qui fut le lieutenant de Chérif Boubaghla, fait partie de cette découverte effectuée au début du mois de mars 2011 par le rédacteur de cette pétition, qui a pu constater la présence de restes mortuaires de plusieurs dizaines de partisans algériens dans le même musée. Philipe Mennecier, exerçant au musée en question, a indiqué que «rien n'empêcherait le rapatriement de ces restes mortuaires. Il suffit que la partie algérienne en formule la demande. Ce sont à l'origine des donations qui font partie du patrimoine national. Et seul un accord entre l'Etat algérien et l'Etat français pourrait faciliter la démarche de rapatriement». La déclaration de ce fonctionnaire français conforte la démarche des signataires de la pétition qui expriment le souhait que l'Etat algérien prenne en charge leurs revendication légitime et dénoncent «le sort indigne qui est fait à la mémoire de ces vaillants guerriers de l'Algérie, pays libre exerçant tous ses droits dans le concert des nations». En ce sens, ils exigent des autorités algériennes et françaises d'agir en commun pour que soient rapatriés les restes mortuaires de ces résistants à la colonisation française, afin qu'ils bénéficient d'une sépulture qui sied à leur dignité et à leur religion.