Même si un service minimum est assuré, la grève des médecins résidents commence à peser sur les citoyens malades qui se retrouvent otages d'une situation qu'ils trouvent pénalisante. «Depuis le 30 mai, je dois passer une visite de contrôle suite à une intervention au service de néphrologie mais à ce jour on continue de me demander d'attendre le retour de mon médecin traitant. Ça ne peut plus durer car je dois déposer mon dossier de reprise du travail à la Cnas», note avec dépit un citoyen d'Arzew. Au niveau du service des urgences du Centre hospitalo-universitaire d'Oran, le service minimum est assuré et les prestations sont convenablement assurées. «C'est au niveau des autres services que ça coince. Les médecins affirment qu'un service minimum est assuré mais en réalité il ne l'est pas car des rendez-vous pris depuis longtemps ne sont pas honorés», affirme une source de cette structure hospitalière. Cette dernière ne manquera pas d'affirmer que les médecins résidents continuent de camper sur leur position alors que leurs revendications sont prises en charge par un comité de liaison qui est à Alger et qui a pris langue avec la tutelle. «Ils auraient dû reprendre leur travail puisque leurs délégués ont entamé des pourparlers avec le ministère. Pourquoi bloquent-ils le travail dans les services ?», s'interroge notre source. Le cas d'un patient venu de Béchar pour subir une intervention chirurgicale, programmée depuis plus d'un mois, est dramatique à plus d'un titre. Ce dernier s'est retrouvé otage de deux grèves : celle des médecins résidents et celle des postiers. «Je devais subir mon intervention la semaine dernière et on m'a signifié que je devais attendre la reprise du travail des médecins résidents. Pour ne pas rentrer chez-moi j'ai préféré attendre à Oran. On devait m'appeler sur mon portable pour m'annoncer la nouvelle programmation. J'ai séjourné à l'hôtel. En voulant retirer de l'argent à la poste pour payer les frais de mon séjour, je me suis retrouvé à composer avec la grève des postiers. Heureusement qu'une âme charitable a plaidé ma cause auprès de l'hôtelier sinon je me serais retrouvé dans la rue», dira ce patient qui devait subir une intervention à la clinique d'ophtalmologie Hamou Boutlelis. Les cas pareils sont légion. Plusieurs services ont réduit ainsi la cadence de leurs prestations faute d'un service minimum qui n'est pas convenablement assuré. «Il y a quelques jours au niveau d'une polyclinique, un agent de sécurité s'était chargé du tri des malades à l'entrée du service des urgences. «C'est lui qui se chargeait de décider quel cas était urgent. Les médecins qui devaient assurer l'accueil, la visite et l'orientation des malades avaient failli à leur mission laissant cet agent face à la colère des citoyens. Ce n'est pas normal et le patient ne doit pas être l'objet d'un vil chantage. Ils ont observé une grève, qu'ils assurent au moins un minimum de prestations conformément au préavis déposé», fera remarquer le responsable d'une structure sanitaire de la banlieue d'Oran. Au niveau de la direction du CHUO, on n'a pas voulu commenter cette situation. «Faites un tour dans les services ; interrogez les malades et faites le point vous-même», nous fera remarquer un agent de l'administration de l'hôpital. Et en attendant la reprise du travail, les médecins qui poursuivent leur mouvement de grève continuent de se rassembler dans les allées du CHUO, à l'écoute des échos venus d'Alger, tout en devisant sur les chances de l'équipe nationale à Marrakech.