Les présidents des organisations patronales publiques et privées ont été reçus hier par l'instance de consultation en prévision des réformes politiques. Chaque organisation a exposé ses idées pour atteindre cet objectif. Abdelouahab Ziani, de la confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) a exprimé son «soutien formel et inconditionnel» à ces réformes et remercie la commission de Bensalah d'avoir répondu favorablement à sa demande d'intégrer les opérateurs économiques dans le processus de concertation politique pour débattre des problèmes à caractère législatif qui entravent la scène économique nationale. Le représentant de la CIPA a affirmé que son organisation a remis une contribution écrite aux membres de la commission et souhaite qu'elle «soit examinée et lue dans toute sa profondeure. Les propositions émises par cette organisation patronale s'articulent autour de «la situation de l'entreprise algérienne qu'elle soit publique ou privée». La CIPA a également plaidé pour plus de justice et d'égalité à l'égard de cette entité économique sur qui se focalise toute politique de développement économique. Des propositions qui visent à instaurer «les règles de la démocratie dans l'économie algérienne pour une meilleure émergence», a indiqué M. Ziani. Habib Yousfi de la confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens (CGEOA) a plaidé pour l'intégration du dialogue dans la constitution dans la mesure où «la concertation constitue un point essentiel et l'ouverture de l'économie au secteur privé est basée d'abord sur la promotion du dialogue», a-t-il affirmé lors de la courte intervention à l'issue de son entretien avec les membres de la commission. Le président de la CGEOA a insisté également sur le dialogue avec la société civile. Pour Yasmina Taya, présidente de l'association des femmes entrepreneurs (SEVE), les concertations entreprises par les acteurs de sphère économique et politique sont d'une «importance extrême». «Nous avons évoqué le rôle des organisations patronales et les mécanismes visant à bâtir une économie nationale solide qui aura un impact positif sur tous les domaines de vie de la société», a-t-elle indiqué. Boualem Merakeche, président de la confédération algérien du patronat (CAP) a révélé de son côté que la réunion d'hier matin a été consacrée à exposer les problèmes auxquels est confrontée l'entreprise. «Nous estimons qu'après avoir exposé les orientations et les vérités à la commission de Bensalah, nous allons pouvoir remonter toutes les difficultés et trouver des solutions définitives», dira-t-il. Réda Hamiani du forum des chefs d'entreprise (FCE) a plaidé, quant à lui, pour la révision du mode de fonctionnement de l'économie algérienne, tout en affirmant la volonté et la disponibilité des opérateurs nationaux à travailler en étroite collaboration avec les pouvoirs publics. «Le vent de changement souffle sur les pays arabes et nous incite grandement à accélérer le processus des réformes et surtout à envisager, au-delà des mesures pratiques prises à titre conjoncturel, de revoir et de réajuster le mode de fonctionnement de notre économie dans son ensemble», a-t-il souligné lors de son intervention, avant d'enchaîner : «Cette vision nous interpelle tous et nous sommes, nous patronat, mobilisés pour sortir de notre dépendance extérieure et préparer sérieusement l'après-pétrole et enforcer notre système productif qui est actuellement un peu en panne». Pour le FCE, «l'atrophie de notre système de production n'a pas pour origine une incapacité congénitale quelconque mais bel et bien la somme de contraintes législatives et réglementaires et de procédures bureaucratiques aussi lourdes qu'irrationnelles qui congestionnent l'acte d'investissement et l'acte de production au sein de l'économie nationale». Contraintes à lever Tout en insistant sur l'importance du respect des règles de droit, le président du FCE a estimé «qu'il faut dépasser cette fausse conception de la politique économique nationale qui veut que l'Etat soit le centre obligé de toutes les activités économiques, le dispensateur des richesses et le distributeur de revenus». Pour lui, «la véritable réforme consiste à mettre en place une politique de régulation régie par l'Etat avec une entière autonomie des entreprises publiques et privées dans les actions de production au sein d'une sphère économique marquée par la concurrence». Réda Hamiani se dit «prêt à s'asseoir à une table pour revoir et repenser le mode de fonctionnement global de notre économie et de notre pays». Mohamed Nait Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) a précisé, de son côté, que «les principaux problèmes que vit l'Algérie ont une seule origine, à savoir «la mauvaise gestion», d'où les propositions à caractère politique et économique qu'a présentées son organisation à la commission. «Il est question de réviser la gestion politique, économique et sociale du pays», a-t-il confié. La Constitution, dira-t-il, a évoqué des solutions à tous les problèmes de la société algérienne. «Mais le plus gros problème consiste actuellement dans l'application des textes de lois. Pour cela, une refonte profonde doit être opérée, à commencer par le changement des mentalités des hommes politiques, des opérateurs économiques et des citoyens», a-t-il indiqué. «Un consensus national autour des problèmes de fond de l'Algérie doit être trouvé entre tous les acteurs de la société pour pouvoir remettre l'Algérie sur les rails, la projeter dans la modernité et l'inscrire dans les percepts de solidarité», a-t-il souligné. M. Ali Slimani, président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP) s'est félicité, pour sa part, de la tenue des réunions de consultation et de toutes les réformes engagées, dont les prochaines assises sur la société civile qui seront organisées sous l'égide du Conseil économique et social (CNES) auxquel son organisation va prendre part. «Nous sommes pour l'approfondissement du processus démocratique et les réformes politiques qui devraient permettre la réinstauration de la paix et la stabilité dans notre pays et surtout un développement économique et social harmonieux dans l'intérêt de tous», a-t-il résumé.