En plein quartier Amari Ali, un vol à l'arraché a été signalé par la victime à qui on a pris le portable, et ce, en étant menacée d'une arme blanche. A la barre, Hamza T. est seul. Il a dû d'abord expliquer au président le pourquoi du prononcé du prénom de Fayçal au lieu du vrai, Hamza. Le reste des débats sera consacré aux explications de la fuite de Hamza dès l'arrivée des policiers. Le tribunal écoute, mais ne suit pas aveuglément l'inculpé que l'avocat tente de sauver par des arguments à la limite de la fébrilité. Un citoyen marchait tranquillement au quartier Ali Amari le 30 décembre 2010 vers 23h. L'artère est quasi déserte mais illuminée suffisamment. Tout à coup, il s'arrête net, il voit venir vers lui, à gauche de la chaussée, une moto où deux individus étaient installés. La moto stoppe net, l'un des deux jeunes brandit une arme blanche reconnaissable à sa lame qui luit sous l'effet de la lumière communale. Le pauvre bonhomme est sommé de remettre son portable. Et puis hop ! La moto s'enfuie dans la nuit noire. Abbas S. alerte les policiers, une VR se présente en trois minutes. Les policiers entendent la victime qui décrit l'engin et les deux gus qui seront alors pris en chasse et neutralisés un peu plus tard. La victime est alors invitée à désigner celui qui venait de l'agresser et de la voler. La victime est formelle, c'est l'un des deux voleurs. Interrogé, l'inculpé, de son vrai nom Hamza, dit aux policiers qu'il s'appelle Fayçal. Le président de la section correctionnelle du tribunal, hadj Rabah Barik, dit sans trop de formalités : - «Dites comment vous avez perdu votre prénom de Hamza pour celui plus «hayal» de Fayçal ? Et puis, lors de votre arrestation la victime vous a de suite reconnu, car on n'oublie jamais la tête d'un agresseur à l'aide d'une arme blanche !» L'inculpé prend peur et assure qu'il avait revendu un mp4 à un certain Belkacem, ce qui explique la coquette somme qu'il avait sur lui. - «Pourquoi, si vous étiez serein, vous aviez fui à la vue des policiers ?», insiste le magistrat qui ne sera pas surpris par la réponse de Hamza qui revient à la toute première question du tribunal. - «Monsieur le président, vous m'aviez dit que la victime m'avait reconnu. Non, ce n'est pas exactement ce qu'elle avait dit. La victime a dit devant les policiers qu'il lui semblait que je sois le voleur, il y a une nuance de taille entre me reconnaître et sembler me reconnaître.» - «C'est ça ! Nous allons poursuivre la police pour fausse déclaration, mensonges et parjure», plaisante presque le juge qui va inviter Malek Drissi, le procureur, à effectuer des demandes. Trois ans ferme et une amende. Après quoi, maître Tahar Hassan, l'avocat de Hamza, a vu que son client avait nié fermement être l'auteur du vol avec menaces , qu'il n'avait pas été formellement été reconnu par la victime, qu'il n'y avait aucun témoin, qu'il n'avait qu'un seul tort : avoir pris ses jambes à son cou à la vue des flics. «Monsieur le président, il y a doute et la relaxe est le seul verdict.» L'inculpé écope d'une peine d'emprisonnement ferme de deux ans pour vol avec violences.