Un jeune lycéen se trouvait au mauvais endroit lors de l'arrivée de la police pour tenter de neutraliser le voleur de portable. Devant la juge, avec son avocate, il réussit à semer le doute dans l'esprit du tribunal. L'inculpé condamné à une lourde peine de prison ferme de trois ans fait une tête qui en dit long sur son statut d'un jeune poursuivi pour rien. Maître Hakima Benouaret est face à Nadia Amirouche, la présidente de la section correctionnelle de Hussein Dey. A sa gauche est assise Zahia Houari, la représentante du ministère public. Elle regarde l'inculpé jugé pour une opposition autour d'un vol de portable. L'inculpé, un gaillard de plus de cent quatre-vingts centimètres, pour éviter une lourde peine, se défend d'être l'auteur du vol : «J'étais dans les parages. Je n'ai rien volé. Je suis innocent. Les policiers, en arrivant, m'ont trouvé sur place. Si j'avais eu quelque chose à me reprocher, je me serais enfui sans demander mon compte», a-t-il récité avec un ton mesuré mais teint de peur ! Plutôt conciliante et trouvant certainement que le délit tel que présenté était banal. Il n'y avait aucune preuve. Mieux (ou pire !) il n'y avait aucun témoin pour relater les faits. Zahia Houari, la jeune représentante du ministère public, requiert la confirmation du jugement prononcé par défaut, avant que la présidente n'invite l'avocate, maître Benouaret, à entrer en scène pour démonter argument par argument cette sordide histoire où un jeune est poursuivi sur du vent. «Madame la présidente, si mon client était condamné de nouveau, c'est tout son avenir qui serait en jeu, car c'est un lycéen qui avait déjà redoublé son année et il ne lui restera plus que ses yeux pour pleurer», avait clamé le défenseur qui avait lancé un large sourire en direction de la juge et un autre en demi-teinte pour la représentante du parquet. Il est vrai qu'avant les demandes de la procureure de l'audience et la plaidoirie de l'avocate de Nassim D., la juge qui a pris pour habitude de relire systématiquement le PV d'audition élaboré lors de l'enquête préliminaire, car elle sait mieux que quiconque en sa qualité de juge qui détient le destin des inculpés, que la liberté d'un jeune est en jeu. «Pourquoi n'aviez-vous pas précisé qu'à l'arrivée des policiers, vous n'aviez pas bougé de votre place, c'est-à-dire le périmètre où le portable avait été volé ?», marmonne la juge. - «Parce que j'ai appris, dès mon jeune âge, que celui qui n'est pas à côté d'une botte de foin ne craint pas une allumette», répond Nassim qui avait franchement épaté la magistrate même si elle ne l'a pas dit. - «C'est bon à savoir, tout cela. Mais alors, que faites-vous ici ?» - «Et vous croyez que si je le savais, je ne vous l'aurais pas déclaré !» s'exclame poliment l'inculpé qui ignorait qu'il allait droit vers la liberté tant il avait été plus que convaincant dans ses propos. Ajoutez à cela la percutante intervention de maître Benouaret toute ravie de l'attitude de son client. A un moment donné, la maman de Nassim se lève et désire s'avancer à la barre. - «Hadja où allez-vous ? Revenez à votre place et laissez le tribunal faire son travail. - Ma fille, répond la vieille maman très émue car affectée, je voulais simplement vous dire que .... - Non, hadja. Vous n'avez rien à apprendre au tribunal qui vous remercie de votre précieuse collaboration», plaisante presque Amirouche qui, infiniment posée en fin d'audience, annonce la relaxe au bénéfice du doute de Nassim qui va retrouver le lycée le lendemain.