Les familles des marins du MV Blida détenus en otages dans les eaux somaliennes ont été malmenées, violentées et réprimées par les policiers jeudi dernier. Ces familles voulaient, en effet, tenir un sit-in devant la présidence de la République pour demander la libération de leurs proches. En fin de matinée, après une rencontre avec la direction générale d'IBC, elles ont décidé d'occuper le siège de la société à partir de demain. Jeudi 16 juin 2011. 10h. Les familles des 17 marins algériens ont tenté d'organiser un sit-in devant la présidence de la République. Mais c'était sans succès au vu de l'impressionnant dispositif de police mis en place sur les lieux pour les repousser. Chose faite, car les familles n'avaient aucunement les moyens de poursuivre leur chemin vers le portail de la présidence. Les policiers ont usé d'une violence singulière pour les décourager, mais quelques protestataires ne voulaient pas l'entendre de cette oreille. Suite à quoi les policiers ont utilisé d'autres manières, malmenant les femmes et les enfants des marins otages. Après des dizaines de minutes de bousculade au niveau de l'arrêt des taxis, des policiers ont stoppé net un bus de l'Etusa qui s'apprêtait à descendre vers la place du1er-Mai et y ont fait monter de force les femmes et les enfants des marins et quelques hommes. Les citoyens ont eu beau crier au scandale, rien n'y fit. L'intervention d'un commando peut coûter la vie aux marins Malgré cet affront, les familles en contact entre elles grâce au téléphone mobile ont décidé de se retrouver au siège de l'IBC (International Bulk Carriers). Après une quarantaine de minutes, le directeur général de l'IBC les a accueillies à l'intérieur du siège. Pour Nacereddine Mansouri, «l'affréteur jordanien Leadrow (à qui IBC a loué le navire MV Blida) suit quotidiennement le dossier. Plus les négociations avancent, plus l'espoir de voir les otages libérés grandit. Mais le facteur temps est entre les mains des pirates. Ce sont eux qui décident du contact à prendre avec l'affréteur et non le contraire. Ils exercent des pressions sur tout le monde. Tout ce que nous pouvons faire, c'est attendre l'aboutissement des négociations. Même si la position du navire est connue (au nord de Mogadiscio et à 500 m des côtes), il est trop risqué d'intervenir militairement. Si les négociations se poursuivent et donnent des résultats positifs, on peut espérer leur libération très prochainement». Toutefois, les familles ne voient pas les choses sous cet angle. Elles déplorent «la passivité de l'Etat algérien». Elles pensent que les institutions – Présidence et Affaires étrangères, Cnan et IBC – les ont abandonnés et s'interrogent sur «le refus de l'Etat algérien de payer la rançon». Après leur entrevue avec le DG d'IBC, les familles ont décidé d'occuper le siège de la société à partir de demain. Certaines habitent Alger et d'autres viennent de Aïn Témouchent, Annaba, Jijel et Sidi Bel Abbès. «Dorénavant, nous passerons la nuit à l'intérieur d'IBC jusqu'à la libération de nos enfants», indiquent-elles.