Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a détaillé jeudi à Alger la position et la vision de son pays sur la crise en Libye et affirmé que la France est favorable et «prête à tout moment» pour l'application d'une solution politique comme «issue de l'intervention militaire des forces internationales en Libye». Lors d'une conférence de presse, il a rappelé les conditions du règlement de ce conflit «permettant aux libyens eux-mêmes de choisir le destin qu'ils souhaitent et de construire une Libye nouvelle et démocratique». Le schéma exposé par M. Juppé a été avalisé lors de la réunion du groupe de contact tenu la semaine passée à Abu Dhabi. «D'abord un cessez-le-feu authentique, marqué par le retrait des troupes de Kadhafi des casernes et par le contrôle international confié aux Nations unies. Ensuite le retrait du guide libyen du pouvoir civil et militaire considérant qu'il a perdu sa légitimité. La troisième étape consiste à instaurer un dialogue de réconciliation nationale impliquant le conseil national de transition (CNT) et d'autres acteurs de la vie libyenne comme les responsables traditionnels et ceux de Tripoli qui ont bien compris qu'il n'y a pas d'avenir pour Kadhafi», a-t-il expliqué. Il a souligné que l'intervention militaire n'était pas une fin en soi et que ce plan a eu l'aval des pays de l'UE, de la ligue arabe, de l'Union africaine. «Voilà le schéma. Je pense que nous sommes proches de cette issue politique mais en tout cas nous y travaillons et le soutien de l'UA me paraît absolument essentiel. C'est la raison pour laquelle nous avons invité cette instance africaine à la réunion du groupe de contact et sa participation a été effective», a-t-il expliqué. Le CNT est, selon Alain Juppé, l'interlocuteur incontournable. «Nous avons constaté, avec les instances internationales, que la représentativité du CNT et sa légitimité sont aujourd'hui reconnues par un nombre d'Etats arabes et africains, de l'UE, des Etats-Unis, et du canada récemment, ce qui signifie que c'est un interlocuteur incontournable», a-t-il souligné. A une question sur la reconnaissance du CNT par l'Algérie, M. Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, a souligné que «c'est une position conforme à celle de l'union africaine et la ligue arabe». Il a rappelé les positions politiques adoptées précédemment par l'Algérie sur ce conflit. «Souvenez-vous que la ligue arabe a pris la décision de geler la participation de la Libye. L'Algérie a pris une autre décision politique avec l'UA pour le tracé une feuille de route pour la sortie de crise. La position de l'Algérie sera, par conséquent, une position collective que l'Algérie va adopter». Paris soutient Alger contre les accusations du CNT A propos des rumeurs lancées par le CNT sur l'envoi par l'Algérie de mercenaires en Libye, Alain Juppé a démenti, estimant qu' «il ne faut pas accorder beaucoup d'attention à ces rumeurs et accusations infondées». Il a souligné qu'il a prêté beaucoup d'attention à cette question qu'il a évoquée avec les responsables algériens qui lui ont assuré que «l'Algérie situait ses actions dans le strict respect des résolutions du conseil de sécurité». Concernant la situation au Sahel, Alain Juppé estime qu'il faut agir sur trois terrains à la fois, à savoir la lutte contre le terrorisme, la grande criminalité et le sous-développement. Une position qui va dans les recommandations de l'UE, impliquée également dans la situation au Sahel et qui a plaidé en faveur de «la redéfinition d'un plan Sahel accompagné de développement». Le ministre français des AE a affirmé que la France est partie prenante dans la région vu les grands intérêts qu'elle doit préserver. Il a félicité l'Algérie de l'initiative qu'elle a lancée avec le Mali et affirme que la France est disposée à participer à la prochaine réunion qui se tiendra à Alger.