De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Avec une chaleur parfois caniculaire, le mois de Ramadhan n'a pas arrangé beaucoup de monde cette année, surtout avec la soif qui touche tous les jeûneurs. Mais ce ne sont pas les seules victimes du mois de carême, intervenu cette année en plein mois d'août, donc au milieu de la saison estivale. En effet, les établissements hôteliers et tous ceux qui interviennent dans le secteur du tourisme n'ont pas été épargnés par le coup dur que le mois de Ramadhan leur a asséné durant cet été 2010. A peine la saison touristique avait-elle atteint sa vitesse de croisière qu'elle a été brutalement interrompue par l'arrivée du mois de Ramadhan que la population n'associe presque jamais aux vacances. Les gérants de ce genre d'établissements comptaient même profiter des dix premiers jours du mois d'août, c'est-à-dire jusqu'à la veille de ce mois religieux, mais grande fut leur surprise quand ils ont constaté que les estivants avaient vite déserté les lieux, abandonnant même les premiers jours du mois en cours et confirmant que le Ramadhan et le tourisme ne font pas bon ménage et que le premier finira par tuer le second quand il va naître, bien sûr.Dans la wilaya de Tizi Ouzou, la situation est pire. Les établissements hôteliers dignes d'être cités et considérés comme établissements touristiques sont rares, les zones d'expansion touristiques étant encore au stade de projets. Et ces établissements se retrouvent désespérément vides en ce mois d'août 2010 en raison du Ramadhan, les estivants n'arrivant pas encore à se défaire de leurs habitudes religieuses et même traditionnelles. Pourtant, les responsables de quelques établissements ont pris des mesures pour que les clients qui choisissent d'y passer quelques jours ne se sentent pas trop dépaysés notamment avec des menus différents et adaptés à la circonstance ainsi que des activités musicales avec disc-jockeys pour animer les soirées ramadhanesques. Des mesures qui n'ont engendré aucune réservation pour ce mois d'août, laissant les hôtels déserts au grand dam des gérants et autres propriétaires d'établissements hôteliers qui ne savent plus à quel saint se vouer.C'est ce que déclare, par exemple, un employé de l'hôtel Mizrana de la ville balnéaire de Tigzirt qui semble désappointé par le vide caractérisant l'établissement ces derniers jours. «L'hôtel est pratiquement vide», dit-il en laissant transparaître le sentiment que cela va continuer ainsi, supprimant le mot «pratiquement» en parlant du restaurant. Comprendre que, même s'il y a quelques rares clients à l'hôtel, ils ne fréquentent pas le restaurant de l'établissement. Notre interlocuteur ne manquera pas de signaler que la direction de l'établissement a décidé de programmer des soirées musicales avec des disc-jockeys et d'adapter les menus au mois de Ramadhan pour pouvoir attirer les clients, mais ces derniers sont restés insensibles à ces mesures, préférant passer traditionnellement le Ramadhan en famille. A l'image de tous les établissements hôteliers du littoral de la wilaya, comme probablement tous ceux de la côte algérienne, le Mizrana a bien fonctionné en juillet pour la simple raison que tous ceux qui ont les moyens de se payer des vacances ont choisi de programmer leurs congés avant l'arrivée du Ramadhan. Bien entendu, certaines considérations religieuses font que les vacances estivales et le Ramadhan restent incompatibles dans la mesure où il est dit que le jeûneur n'a pas le droit de se baigner, mais les considérations traditionnelles font du Ramadhan une expérience familiale que l'on vit chez soi. C'est pourquoi les établissements hôteliers sont désertés à la veille du mois sacré et le tourisme ne peut fonctionner quand il intervient en pleine saison estivale. Reste à savoir si des familles ont programmé leurs vacances au lendemain de la fête de l'Aïd, c'est-à-dire à partir du milieu du mois de septembre. Pour les hôteliers, il n'est pas question de compter sur cette hypothèse, surtout que la rentrée scolaire pointera du nez à la même période.