Le premier référendum tenu sous le règne du roi Mohammed VI aura lieu demain. Un scrutin qui a valeur de test pour le monarque chérifien. Après une campagne très intense autour du référendum sur le projet de révision constitutionnelle, les Marocains sont invités demain à se rendre aux urnes afin de se prononcer sur le texte présenté par le roi Mohammed VI le 17 juin dernier lors d'un discours à la nation. Durant toute cette campagne, les autorités marocaines n'ont eu de cesse d'appeler la population à aller voter. D'après l'hebdomadaire Tel quel, l'Etat marocain aurait déboursé pour la campagne référendaire la somme de 70 millions de dirhams qui sont allés notamment dans l'escarcelle de 35 partis et 28 syndicats marocains différents. Il faut savoir ainsi que les principales formations politiques du Maroc, notamment le Parti islamiste Justice et développement (PJD, opposition parlementaire), l'Union socialiste des forces populaires (USFP, coalition gouvernementale) et l'Istiqlal (le parti du Premier ministre) ont appelé à «voter oui» à la réforme constitutionnelle. En outre, les médias marocains s'en sont donnés à cette occasion à cœur-joie en appelant la population à adopter le texte proposé par le roi. Les partisans du boycott, assez isolés, n'en ont pas développé pour autant un complexe. Le Parti socialiste unifié (PSU), le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS) et la Voie démocratique, trois formations politiques d'opposition représentées au sein du Mouvement du 20 février prônent un boycott pur et simple. Cette mouvance continue à revendiquer pour sa part des changements politiques et une limitation des pouvoirs du roi qu'elles jugent encore exorbitants. Le rôle politique et religieux dévolu au roi fait l'objet ici de toutes les controverses. Après les revendications de la rue vite parvenues au palais royal, le Makhzen, à l'image de plusieurs régimes arabes rudoyés par leurs populations respectives, a dû lui aussi lâcher du lest. Chaque dimanche, jour de repos hebdomadaire des Marocains, ils sont ainsi des milliers à manifester leur désir profond de changement. Ceci dit, il ne faut pas croire que les manifestants favorables à la tenue du référendum soit eux absents du décorum électoral marocain. Certains titres de presse n'hésitent pas à parler ouvertement de «baltaguiyas» qui font la promotion du «oui à la Constitution». De nombreuses marches «spontanées» sont organisées ça et là. D'immenses panneaux publicitaires viennent rappeler à chaque coin de boulevard l'imminence du scrutin. D'après les observateurs, l'enjeu principal de ce scrutin reste bien évidemment le taux de participation.