150 familles habitant des bidonvilles installés sur la route de Saoula dans la commune de Birkhadem souffrent des mauvaises conditions de vie. Livrées à elles-mêmes, elles attendent une solution qui mettra fin à leur calvaire. Sises sur l'axe routier Saoula-Birkhadem dans la commune de Birkhadem, des centaines de baraques offrent le même spectacle de désolation que les autres bidonvilles qu'abrite la capitale. Une tournée effectuée dans les lieux a confirmé cette réalité. Des ordures entassées ici et là et d'autres flottent au milieu de grandes flaques boueuses. Alors que quelques enfants jouent au ballon au milieu de ce décor répugnant, les jeunes discutent entre eux tout en jetant un coup d'œil sur la route, épiant les allées et venues des passants, automobilistes ou piétons. Là, dans ce site, vivent près de 150 familles. Celles-ci déplorent l'oubli dont a fait l'objet leur «haouch», une ancienne ferme. «Tout le monde est insouciant», témoigne un riverain qui affirme que leur séjour sur les lieux, dans ces conditions intolérables, ne date pas d'aujourd'hui. «Cela fait plus d'une vingtaine d'années», rétorqua son voisin, la quarantaine. «Ils nous ont promis (les responsables) de nous reloger cette année», s'accordent certains d'entre eux à dire, mais apparemment ce ne sont que des promesses, s'indignent-ils. En revanche, il y a certains occupants qui affirment être considérés comme des «hors-la-loi». Une fois à l'intérieur du bidonville, le visiteur remarquera très vite l'insalubrité et l'exigüité des logis. En effet, ces habitations ne permettent pas à plus de 4 personnes de se tenir debout en même temps. Tenant son fils, âgé à peine de deux ans, et ses 3 gosses qui s'assoient près d'elle, Fatima nous a donné un petit historique concernant leur arrivée à cet endroit. «On a fui notre douar à cause du terrorisme», raconte cette dame originaire de Médéa. «On a tout laissé derrière nous, nos maisons et nos biens», regrette-t-elle sur un ton marqué par l'amertume. Pour Saïd, l'exigüité des lieux qui ne peuvent plus abriter sa famille nombreuse, l'avait poussé à construire cette baraque à Saoula. Lui, il est originaire du quartier populaire de Bab El Oued. Il est père de 5 enfants, dont l'aîné est âgé de 18 ans. Pour gagner un peu d'espace, Saïd a procédé à un petit réaménagement de la baraque tout en construisant un autre mur. il fait tellement constamment noir à l'intérieur que les propriétaires des lieux sont obligés de laisser souvent les portes ouvertes. Le toit laisse passer la pluie durant l'hiver. «Il faut qu'on reste debout quand il pleut. Je suis toujours obligé de mettre des ustensiles pour éviter les mares d'eau», se plaint son épouse, la trentaine. En revanche, ces habitations de fortune se transforment en une fournaise lors des périodes de fortes chaleurs comme c'est le cas ces jours-ci. S'ajoutent à cela d'autres problèmes liés au manque d'hygiène et l'absence d'eau potable. Pis, ce bidonville aide à la prolifération des fléaux sociaux comme la délinquance, la déperdition scolaire et le chômage. Sur leur sort, ces 150 familles s'interrogent : «Y a-t-il de l'espoir de quitter un jour cette misère ?» Seront-elles recasées dans des habitations décentes comme leurs semblables qui ont déjà bénéficié du projet de relogement lancé depuis l'année passée par la wilaya et qui s'inscrit dans le cadre de la résorption progressive de l'habitat précaire. Aux dernières nouvelles, le wali a promis un logement à tous ceux qui occupent les sites précaires, comme celui de Birkhadem, d'ici fin 2014. En attendant, une seule réalité existe : ces familles se sentent complètement abandonnées.