Des centaines de familles d'enseignants universitaires sont casées depuis plus de 10 ans dans la cité 804 logements de Birkhadem. Les difficultés auxquelles les résidants font actuellement face sont les mêmes que celles qui se posent dans la plupart des quartiers dits populaires de Bachdjarah, Bab El Oued ou des Eucalyptus. La cité 804 logements de la commune de Birkhadem rappelle au premier visiteur l'histoire du cordonnier mal chaussé. Les façades des bâtiments de la cité sont hideuses, repoussantes. Pourtant, il suffit d'interroger les habitants pour entendre une réponse étonnante. En fait, les résidants ne sont autres que des enseignants… universitaires ! Imaginez des docteurs d'Etat et des ingénieurs, par exemple, logés dans un quartier comme on en trouve à Bachdjarah, à Bab El Oued ou aux Eucalyptus. L'état des lieux est tel que le wali d'Alger a été incommodé au plus haut point. Le 1er juillet dernier, Addou Mohamed Kébir s'est rendu dans le quartier afin d'inaugurer une crèche publique ouverte au profit des familles résidantes. Le projet a coûté 33,3 millions de dinars, dont 22,3 millions ont été dégagés sur le budget de l'APC. Devant l'entrée de la crèche, le président de l'APC de Birkhadem attend son hôte. Avant même d'inaugurer la nouvelle structure, M. Addou interroge l'élu sur l'état des façades et, sans attendre une réponse, il lui demande de discuter avec les occupants et de s'entendre sur la meilleure solution de refaire la peinture des immeubles. Dans la tête du wali, les familles des enseignants universitaires doivent contribuer au moins financièrement à cette entreprise d'amélioration de leur cadre de vie. Le contraste est saisissant : la crèche est pour la cité ce que représente une bougie dans les ténèbres. Un résidant qui a entendu les propos de wali réplique : «Il n'y a pas que cela !» Selon lui, le problème des façades repoussantes n'est que la partie visible de l'iceberg. Les habitants souffrent aussi de la présence d'un bidonville. Les baraques sont là depuis les années 2000, et la cité avait été inaugurée quelques années auparavant. Ce constat confirme ce que disait le secrétaire général de la wilaya aux membres de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), lors des travaux de sa deuxième session ordinaire (28-30 juin). «A chaque fois qu'une cité est ouverte, il y a un bidonville qui se greffe à elle», a dit Ould Salah Zitouni, en donnant l'exemple de la cité AADL de Aïn Malha, commune de Gué de Constantine, actuellement cernée par des centaines de baraques. La présence des bidonvilles dans les centres urbains se banalise donc de plus en plus. D'ailleurs, les autorités locales de Birkhadem n'avaient pas jugé utile de cacher au premier responsable de la wilaya les baraques de la cité 804. A partir de la cour de la crèche ouverte, n'importe qui peut compter le nombre des baraques installées en contrebas de la «résidence». Les plus visibles sont au nombre de cinq. Sur les toits des cinq masures, on compte dix assiettes paraboliques. A côté du bidonville, une décharge sauvage a été improvisée. L'intervention d'un engin des travaux publics n'a pas complètement supprimé ses traces. D'après le même résidant, les locataires font face à un problème d'insécurité. «Chaque soir, l'entrée de la cité se transforme en parking pour les camions poids lourds et les bus de transport de voyageurs», indique-t-il. A se fier à lui, les enseignants universitaires souhaitent la suppression de ce parking. Avant de quitter les lieux, le wali a été approché par deux enseignants : «Nous vous remercions pour votre visite, nous espérons vous revoir très bientôt.» Le wali n'a pas répondu : il a déjà parlé au maire.