Le Musée national des beaux-arts d'Alger est, avec ses 8000 œuvres, le plus grand musée d'art du Maghreb et d'Afrique. C'est dans les locaux délabrés de la société des beaux-arts créée en 1875 que la municipalité d'Alger conservait ses œuvres d'art. Ce n'est qu'en 1897 qu'elle se dote d'un vrai musée, consacré aux collections antiques et musulmanes, même si celui-ci est aménagé dans les bâtiments d'une école normale. En 1908, un ancien casernement de l'armée situé à l'emplacement actuel de l'hôtel Safir est dédié à l'art. Il a été inauguré le 30 mai 1908. Cette création était réclamée depuis longtemps car la salle des beaux-arts qui servait de musée était très mal disposée et ne pouvait suffire à contenir les œuvres acquises par la municipalité. Le musée dit «municipal» était loti dans un local vétuste, peu accessible, encore plus mal entouré que mal éclairé. Ainsi, le musée municipal d'Alger ferme ses portes après vingt ans de fonctionnement entre 1908 et 1928. Un emplacement idéal Avec l'ouverture de la villa «Abd El Tif», un véritable besoin dans ce domaine se fait sentir. Le site est choisi, au Hamma, en face du Jardin d'Essai et non loin de la villa «Abd El Tif», sur la «colline aux sangliers». Son concepteur, Paul Guion, opte pour un monumentalisme symétrique et rectiligne. Commencés en 1928, les travaux sont rapidement achevés, grâce aux crédits consentis. Quant à l'architecture du musée, elle a été bien admirée par son emplacement idéal et son style associant «les données passées et actuelles». Ce style architectural propre symbolise la construction de l'image d'un pays jeune et moderne, mais aussi soucieux de ses traditions. L'immense taille du nouveau musée est composée de 35 salles de peinture, une galerie de sculptures, une galerie de moulages, une bibliothèque et un cabinet d'estampes. Le bâtiment est divisé en trois étages : au rez-de-chaussée se trouve la salle des moulages, au premier la salle de sculpture moderne et à l'étage supérieur, les galeries de peinture. Le Musée des beaux-arts d'Alger, inauguré le 5 mai 1930, ne sera ouvert au public qu'en avril 1931. C'est le centenaire de l'Algérie qui promut ce projet du musée national des beaux-arts d'Alger. Très vite, le Musée des beaux-arts est en pleine prospérité, grâce aux dons et aux achats sagaces. Ces achats consistent en chefs-d'œuvre des grands orientalistes comme Delacroix, Fromentin, Chassériau, Decamps et des plus célèbres représentants de l'art moderne : Courbet, Théodore Rousseau, Pissarro, Degas, Boudin, Renoir, Sisley, Guillaumin et des artistes encore plus contemporains tels Marquet, Suzanne Valadon, Denis et Matisse. De 1930 à 1960, trois grandes périodes d'acquisition vont doter le musée d'un fond inestimable. Quelques «locaux» feront également leur entrée au musée à cette période-là : Azouaou Mammeri, Mohamed Racim, Mohamed Temmam, Hemche. Des œuvres de Baya, Benanteur, Guermaz, Khadda, Martinez, un important ensemble d'œuvres d'art contemporain offertes vont s'y ajouter.