La Rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement a exhorté mardi à Alger le gouvernement algérien à plus de transparence dans l'attribution des logements et à la participation de la société civile dans la définition des critères d'octroi des logements sociaux. Lors d'une conférence de presse au siège de la maison des Nations unies à Alger, Mme Raquel Rolnik, en visite officielle en Algérie depuis dix jours, a déclaré qu'il est "nécessaire de faire participer les citoyens à la mise en place de critères pour les bénéficiaires de logements distribués par l'Etat". "Il ne suffit pas de publier la liste des bénéficiaires de logements et de permettre par le suite la possibilité de recours. Il faut que les citoyens puissent participer durant tout le processus de l'opération avec des critères pour sélectionner les bénéficiaires et déterminer leurs besoins", a souligné la Rapporteuse spéciale sur le logement convenable. Dans son rapport préliminaire, Raquel Rolnik a recommandé la "création d'un fichier unifié national des demandes de logements déposées par la population avec les points attribués et la position de chaque demandeur dans la liste". Elle considère que "le gouvernement a établi une politique qui, mise à part le programme de résorption de l'habitat précaire, n'est pas basée sur les différentes nécessités des personnes mal logées" et ne comporte pas de stratégies pour traiter les problèmes. La publication des listes des bénéficiaires de logements sociaux que l'Etat octroie à ceux qui perçoivent moins de 24.000 dinars (240 euros) par mois donne souvent lieu à des mouvements de protestation qui dégénèrent parfois en émeutes. Pour Mme Rolnik, ces émeutes sont un indicateur de l'existence d'une véritable crise du logement en Algérie que le gouvernement gère mal. L'Algérie prévoit de construire 500.000 logements supplémentaires d'ici à 2014, qui viendront s'ajouter aux deux millions prévus dans le programme quinquennal arrêté en 2010. Actuellement, quelque 553.000 familles sont installées dans des habitations précaires, dont 50.000 vivent dans des bidonvilles autour de la capitale. Plusieurs mal-logés se sont immolés par le feu ou ont tenté ou menacé de le faire depuis janvier après des émeutes contre le coût de la vie qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés.