Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'économie américaine. Après l'angoisse provoquée par les risques d'un défaut de paiement auxquels étaient confrontés les USA faute d'un accord entre républicains et démocrates sur la dette publique, l'économie américaine branle à nouveau dans le manche. Mauvaise nouvelle : l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a abaissé, vendredi soir, la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis, privés désormais de leur triple «A» pour la première fois de leur histoire. La malédiction ne cesse ainsi de s'abattre sur l'économie américaine, tout juste sortie des risques de naufrage pour défaut de paiement. Contre toute attente, Standard & Poor's a décidé de prendre le taureau par les cornes en abaissant d'un cran la note «AAA», la meilleure possible, pour la porter à «AA+». Pis encore, ladite agence de notation a, par ailleurs, abaissé la perspective à «négative», ce qui signifie que Standard & Poor's pense que la prochaine fois que cette note changera, ce sera pour être abaissée de nouveau. Ça se corse ! C'est la première fois que les USA perdent leur fameux triple «A». Les Etats-Unis étaient notés «AAA» par Standard & Poor's depuis 1941 et par Moody's depuis 1917. Contrairement à Standard & Poor's, Moody's & Fitch Ratings, elles, ont tenu à faire éviter le pire à l'économie américaine en confirmant la note «AAA» suite au compromis adopté sur le relèvement du plafond de la dette. Standard & Poor's, qui avait sonné le tocsin en avril dernier en mettant en garde contre les risques qui pèsent sur l'économie américaine, a justifié sa décision de priver les USA de leur «AAA» par «des risques politiques» de voir le pays prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire. Pour cette agence, le débat politique sur ces questions n'est pas à la hauteur des problèmes causés par une dette publique de plus de 14 500 milliards de dollars. Les USA se sont ainsi rangés sous la menace permanente de pays le plus endetté au monde. La dette globale publique et privée est de 50 531 milliards de dollars. Sitôt annoncée, la nouvelle notation «AA+», assortie d'une perspective «négative» de Standard & Poor's, a été fortement contestée par le gouvernement américain. L'Administration américaine a accusé Standard & Poor's de fonder sa décision sur des erreurs graves de calcul. «Une appréciation entachée d'une erreur de 2000 milliards de dollars parle d'elle-même», a affirmé à la presse un porte-parole du département du Trésor. Cependant, la nouvelle note est attribuée, laissant ainsi les marchés et les économies soumis à une haute pression des suites de la solvabilité américaine désormais remise en cause. Car il est utile de le préciser, la notation financière constitue, pour les investisseurs, un critère-clé dans l'estimation du risque qu'un investissement comporte. Pour un Etat et/ou une entreprise, il s'agit plutôt d'un gage de solvabilité. La perte de ce sceau d'excellence devrait avoir des répercussions brutales sur les marchés financiers. L'abaissement de cette note devrait en effet contraindre les investisseurs à une réévaluation généralisée des risques. L'annonce de Standard & Poor's est intervenue alors que les marchés avaient fermé pour le week-end, mais les premières réactions, contrastées, sont venues d'Asie. Le Japon, deuxième détenteur mondial de la dette américaine, a assuré que sa confiance dans les bons du Trésor américain et sa stratégie d'achats de ces bons restaient inchangées. Mais la Chine, de loin le plus grand créancier mondial des Etats-Unis, a jugé qu'elle avait «désormais tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette». La Chine détenait en mai environ 1160 milliards de dollars en bons du Trésor américain. Les pays du Golfe ont acheté 330 milliards de dollars de dettes publiques (prêt à l'Etat américain) alors que l'Algérie a investi, selon des indiscrétions, 70 à 80 milliards en bons du Trésor américain.