La situation financière des Etats-Unis traverse une zone de turbulence. Un tableau noir vient d'être dressé par l'agence de notation et d'évaluation financière Standard and Poor's (S&P) sur la dette des Etats-Unis et les perspectives de son évolution. Ainsi, les Etats-Unis viennent d'être dégradés de leur note au triple A de l'agence (S&P). Dans son communiqué, cette agence a annoncé avoir abaissé d'un cran cette note, la meilleure possible, à «AA+». La dette des Etats-Unis aura du mal à surmonter le coup vu que l'agence en question vient de qualifier la perspective de son évolution de «négative», «ce qui signifie que Standard and Poor's pense que la prochaine fois que cette note changera, ce sera pour être abaissée de nouveau». L'agence S&P justifie cette décision par «des risques politiques» de voir le pays prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire. Le débat politique sur ces questions, juge la S&P, n'est pas à la hauteur des problèmes causés par une dette publique de plus de 14 500 milliards de dollars. «Le plan de rééquilibrage du budget sur lequel le Congrès et l'exécutif se sont récemment mis d'accord est insuffisant par rapport à ce qui serait nécessaire pour stabiliser la dynamique à moyen terme de la dette publique», a expliqué l'agence, faisant allusion à la loi dite de «contrôle du budget» votée mardi dernier. Les Etats-Unis étaient notés «AAA» par Standard and Poor's depuis la création de cette agence en 1941. Ils le restent chez les deux autres grandes agences, la doyenne Moody's (depuis 1917) et Fitch Ratings. Après l'annonce de cette dégradation, les médias américains ont affirmé que la Maison Blanche avait sévèrement contesté les projections et calculs des analystes de l'agence. Cette dégradation aura des répercussions brutales sur les marchés financiers, difficiles à imaginer dans l'immédiat. Les bons du Trésor américain sont une référence incontestée : un étalon du coût de l'argent, un instrument servant habituellement de «collatéral» (garantie) dans une multitude de transactions, et un refuge pour les investisseurs dans les périodes troublées. «L'incertitude quant aux effets sur le marché est élevée», affirmait récemment la banque d'affaires Goldman Sachs, en explorant les conséquences potentielles. L'abaissement de cette note devrait en effet contraindre les investisseurs à une réévaluation généralisée des risques. Standard and Poor's avait prévenu dès avril qu'elle envisageait cet abaissement au vu de la persistance d'un déficit budgétaire élevé et de la montée de la dette publique. Les Etats-Unis ont eu leurs finances publiques plombées par la dure récession qu'a traversée leur économie de fin 2007 à mi-2009. Depuis, la croissance économique est revenue mais ils ne sont pas parvenus à rétablir la santé de leurs finances publiques. Selon les estimations du Fonds monétaire international, ils devraient accuser cette année, avec environ 9% du produit intérieur brut, le déficit budgétaire le plus élevé des pays du G20, Japon mis à part. Il reste seize pays notés «AAA» chez Standard and Poor's, dont quatre du G7 : l'Allemagne, le Canada, la France et la Grande-Bretagne.