Mohand Naït Abdelaziz, président de la confédération nationale du patronat algérien (CNPA), a appelé hier à la création d'un nouveau système économique approprié à notre environnement, culture et moyens financiers. S'appuyant sur «le bilan peu reluisant enregistré depuis l'indépendance à tous les niveaux» , il a indiqué lors d'une conférence de presse organisée hier au centre de presse Algéria-Invest qu'il est plus qu'urgent d'introduire des réformes de fond devant redynamiser la production nationale et assurer l'après-hydrocarbures. «La politique adoptée depuis 50 a été un vrai échec et doit être révisée», a-t-il estimé, ajoutant que «l'Etat doit comprendre qu'on a fait le mauvais choix». La CNPA a en effet dressé un constat négatif sur la situation économique et sociale de l'Algérie, reflétée notamment à travers une dépendance accrue vis-à-vis de l'extérieur, même en produits alimentaires, un taux de chômage élevé, ainsi que la disparition de toute production nationale (textile, chaussures, mécanique, manufactures diverses). Preuve à l'appui, il a cité le chiffre de la contribution de la production industrielle dans le PIB, qui est passé des 20% enregistrés dans les années 80 et 90, à 5% en 2010. Le président de la CNPA a regretté, également, que pratiquement toutes les entreprises nationales ont été «soldées», imposant ainsi une dépendance presque à 100% de l'étranger. «Même le balai, qui était produit par les non-voyants qui bénéficiait d'une protection de l'Etat n'a pas trouvé grâce auprès de tous ceux qui se sont acharnés à neutraliser la capacité productive du pays», a-t-il constaté avec regret. Avec ce recul considérable, le conférencier affirme que «l'effet d'entraînement de l'économie nationale attendu des différents plans de relance ne s'est pas produit», d'où «l'urgence et la nécessité d'un débat qui doit porter sur une transition d'une économie de rente vers une économie hors hydrocarbures». Partant de sa propre expérience en tant qu'opérateur dans le textile depuis plus de 20 ans, Mohamed Naït Abdelaziz a indiqué que l'environnement où évoluent les organisations patronales qui regroupent près de 16 000 opérateurs n'est pas favorable à l'émergence d'une production locale. Ces organisations se heurtent toujours à des problèmes administratifs et financiers qui handicapent leur évolution et limitent leur production. Absence de dialogue Cette situation désagréable est la conséquence, a-t-il dit, de l'absence de dialogue entre les partenaires sociaux. «Ces derniers ont besoin de s'écouter et de parler. Nous ne devons pas attendre que le feu prenne dans la baraque pour intervenir». Le président du CNPA a apporté des propositions «pertinentes inspirées de la réalité du terrain». Il est donc urgent pour l'Algérie de renouer avec son ambition industrielle et de développer ses capacités entrepreneuriales, la qualification de sa main- d'œuvre à travers une meilleure adéquation entre le produit des formations réalisées et les besoins du marché de l'emploi et la production agricole et agro-industrielle… Et d'ajouter : «Il est temps de réhabiliter la planification dans le pays et de repréciser le rôle des acteurs du développement économique et social». Pour cela, le conférencier a estimé qu'il est plus que nécessaire que l'Etat soutienne ces entreprises qui «défendent le développement social et économique du pays», en leur octroyant des aides financières et également les marchés d'études et de réalisation, dont la plupart sont actuellement profitables aux entreprises internationales.