La Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), le plus ancien des syndicats patronaux et partie prenante dans le dialogue social, estime qu'il est temps de « revoir le pacte social et économique ». Intervenant hier lors d'une conférence de presse tenue à l'hôtel Hilton d'Alger, Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, président en exercice de cette confédération, a fait part de son vœu d'évaluer et de corriger le document portant pacte économique et social adopté en septembre 2006. Nous voulons que ce document soit rediscuté », a exigé M. Naït Abdelaziz, pour qui « le dialogue social a marqué le pas au lendemain de la conclusion du pacte ». C'est pourquoi le CNPA espère aller vers cette révision le plus tôt possible. D'après l'animateur de la conférence, une rencontre en bipartite est prévue dans les prochaines semaines avec le ministère du Travail, de la Sécurité sociale et de l'Emploi dans le cadre du mécanisme mis en place pour le suivi de la mise en œuvre dudit pacte. Entre autres griefs, cette confédération retient l'inapplication des mesures sur lesquelles la tripartite (gouvernement, syndicat, patronat) s'est engagée. Après un an et demi de sa conclusion, le président du CNPA juge que « les décisions prises par le pacte ne se concrétisent pas sur le terrain ». Les entreprises, PME principalement, continuent de faire face aux mêmes problèmes d'accès au foncier, au financement, à la mise à niveau et à la lutte contre l'informel, estime le CNPA. Le gouvernement actuel, tenu pour « responsable », doit par ailleurs « mettre de l'ordre en son sein », ajoute Naït Abdelaziz. En effet, le conférencier fait observer que « chacun des ministres dit ce qu'il veut alors qu'il est nécessaire que le gouvernement parle d'une seule voix ». Avant de poursuivre qu'il était « anormal de perdre du temps en réaménageant les dispositifs économiques ». Pour l'intervenant, la révision des dispositifs de création d'emplois, les réaménagements dans les modalités de gestion des capitaux marchands de l'Etat sonnent comme des aveux d'échec. Cependant, l'Exécutif n'est pas le seul fautif. Le président du CNPA reconnaît l'« absence d'une approche commune du patronat algérien pour faire avancer les choses ». Cette organisation patronale a relancé hier un nouvel appel pour l'unification des syndicats et associations patronales au sein d'une seule organisation. « Le CNPA, s'engage-t-il, est prêt à se fondre dès demain dans cette organisation. » Les clivages et les luttes de leadership sont facilement surmontables. La CNPA va jusqu'à proposer une approche méthodologique. Celle-ci consiste, selon M. Naït Abdelaziz, en l'organisation d'assises par branche (BTPH, commerce…) en présence des opérateurs économiques y relevant pour créer des fédérations professionnelles, lesquelles éliront leur président. S'arrêtant sur la question du pouvoir d'achat, le patron de la CNPA a considéré que « le recours du gouvernement à la subvention est une fausse piste ». Tout en déplorant encore une fois l'absence de dialogue social sur ce dossier, M. Naït Abdelaziz se positionne contre la politique des subventions car, dit-il, « la subvention enrichit les plus riches et appauvrit davantage les plus pauvres ». Il s'expliquera en partant de l'exemple de l'huile de table qui bénéficiera tout autant au smicard de 12 000 DA qu'à l'entrepreneur qui en fait de la transformation. L'alternative, pour cette organisation, est de laisser les prix libres, augmenter les salaires et de faire jouer à l'Etat son véritable rôle de régulateur. Il ne dira pas cependant comment juguler l'effet inflationniste que cela engendrera avec la faible productivité de l'appareil économique national.