Les deux avocats s'étant constitués au profit des habitants du quartier du Bois des pins, à l'origine de la contestation concernant la construction d'un parking sur un terrain jouxtant les immeubles, ont entamé une véritable bataille sur le plan procédural tant au niveau du tribunal administratif qu'au niveau de la cour criminelle d'Alger. Hier matin, des agents de police relevant de la police scientifique, accompagnés d'officiers, ont investi le Bois des pins pour photographier les inscriptions (graffitis) hostiles au pouvoir. Au même moment, l'avocate Me Amer Kahina qui a officiellement porté plainte auprès du procureur général de la cour criminelle d'Alger pour coups et blessures volontaires, abus de pouvoir et surtout tentative d'assassinat contre le représentant du comité des sages et journaliste, Abdelghani Mahenni, confirme l'enregistrement de la plainte par cette instance judiciaire. Cependant, Me Amer qui a confirmé que la plainte concerne le DGSN, le wali d'Alger, le président de l'APC d'Hydra, le commissaire Attouche (sûreté de daïra - Colonne Voirol) ainsi que le responsable de la police judiciaire de Bir Mourad Raïs a indiqué que «pour le moment, je m'affaire à constituer une série de preuves matérielles et accablantes comme les photos, les vidéos de même que les certificats d'incapacité que détient la victime, en l'occurrence M. Mahenni», affirmant que «le procureur général de la cour criminelle d'Alger qui sera destinataire de la totalité du dossier devra communiquer celui-ci à la chambre d'accusation qui devra statuer et retenir les chefs d'inculpation». Cette dernière s'est montrée très déterminée à poursuivre les responsables de la violence subie par le représentant du comité des sages du Bois des pins qui, faut-il le rappeler, a été suturé par 32 fois sur le crane du fait des multiples coups de matraque assenés par les forces de police. Selon les certificats médicaux délivrés par des médecins légistes (médecine légale), la victime, du fait de la violence des coups, a également perdu le tympan de l'oreille gauche. Pour l'heure, l'avocate entend poursuivre ses efforts en vue de traduire les responsables devant la justice afin de répondre, chacun à son niveau, des «graves dépassements dont ont été à l'origine les agents de police avant, pendant et après les émeutes qui ont éclaté et qui se sont soldées par d'innombrables blessés dans les rangs des policiers et dans ceux des protestataires». Pour l'heure, indique l'avocate, «l'affaire est en cours et il faut attendre la décision de la chambre d'accusation qui tranchera, tenant compte des preuves tangibles que nous présenterons».
Le tribunal administratif s'accorde un nouveau délai pour se prononcer Alors qu'on attendait que le tribunal administratif rende publique sa décision vis-à-vis de la troisième plainte émise par l'avocat des habitants du Bois des pins, on apprend que cette instance a, encore une fois, rejeté la troisième plainte qui était accompagnée d'un rapport effectué par un expert sur la demande des habitants. «Bien que l'expertise en question démontre que les travaux du parking, objet du litige, sont entachés d'irrégularités et se présentent comme non conformes à la réglementation, la magistrate a refusé de retenir la plainte, se contentant de discréditer l'expertise», affirme le président du comité des sages qui souligne que «ce retard permet à l'entreprise d'avancer dans les travaux et nous met devant le fait accompli». Il faut savoir que depuis le début de la protestation, pas moins de trois plaintes ont été formulées sans qu'aucune n'aboutisse. La première, introduite le 3 octobre, a été rejetée par la magistrate qui s'est axée sur «l'illégitimité du comité» tandis que la deuxième a également été rejetée par la magistrate qui «n'a pas été convaincue des arguments avancés par les avocats». «Il serait judicieux que cette magistrate désigne un expert pour confirmer ceux de la première expertise», lance le président du comité qui espère que cette instance rende sa décision afin d'immobiliser les engins qui ne cessent de décaper le terrain «mettant en danger l'immeuble situé à quelques mètres». Il est à rappeler que le 6 octobre prochain, 10 personnes, dont Mahenni, comparaîtront devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, le 2 novembre, 2 personnes arrêtées le 4 août comparaîtront également devant la même instance et le 9 novembre, 10 autres personnes arrêtées le 7 août, comparaîtront devant la même instance pour les chefs d'inculpation d'atteinte à l'ordre public, agression sur des policiers dans l'exercice de leurs fonctions, détention d'armes, atteinte aux biens publics et privés. Autrement dit, 21 personnes seront appelées à la barre pour répondre des accusations qui leur sont portées et qui ont trait aux événements du quartier Bois des pins qui ont débuté le 16 mai.