On ne connaît pas toutes les motivations des habitants de Diar Echems qui refusent de rejoindre les logements qui leur sont attribués à Birtouta ni ceux de Trioley qui refusent d'habiter Birkhadem. Sans doute du fait que la raison la plus connue parce qu'elle est ostensiblement mise en avant est qu'ils seraient capricieux, voire ingrats de cracher sur des F3 et des F4 flambant neufs, bien finis et donc tout ce qu'il y a de confortable, pendant que d'autres Algériens feraient tout pour avoir beaucoup moins que ça. Du pain béni pour ce responsable du logement au niveau de la wilaya d'Alger de suggérer l'inadmissible scandale, en nous apprenant que ces appartements sont mêmes équipés d'antennes paraboliques collectives, pendant que les caméras de l'ENTV multipliaient les «balayages» sur les pelouses ornant la cité et les travellings sur les toits d'un paradis capricieusement boudé. Dans l'absolu, l'opinion, de manière générale, n'est pas restée insensible à cette situation pour le moins singulière : voilà donc des Algériens parmi les plus socialement vulnérables, qui, il y a encore quelques mois vivaient dans des conditions infrahumaines dans des taudis dépourvus de tout, qui en viennent à refuser des logements qui disposent de toutes les commodités, sous prétexte qu'ils sont trop loin de leur point d'ancrage sociologique. Mais il n'y a pas que ceux qui ne comprennent pas. Parmi ceux qui ont montré une particulière attention à cette «affaire» dans l'opinion, le plus gros est constitué de ceux qui ont très bien «compris» et ont donc réagi en connaissance de cause. Ceux, précisément, qui attendent un logement social et qui sont prêts à «aller habiter à Tataouine les Bains», selon la formule consacrée pour désigner le trou du bout du monde. Alors, on arrive à oublier -ou se rappeler, c'est selon- de vieux traumatismes. Ceux de triste mémoire où de gros camions reconduisaient manu militari les habitants de Gorias et d'Oued Ouchaiah à qui on a signifié qu'ils avaient une «région d'origine» qu'il fallait réintégrer au lieu de continuer à «ternir l'image» de la capitale. Mais le contexte est différent. Justement. Il est tellement différent que des Algériens refusent des logements à Birkhadem parce qu'ils ont senti qu'on pouvait tout leur accorder sauf… faire de la politique, ce qui… ternit l'image de l'Algérie ! L'histoire des habitants de Diar Echems et de Triolet n'est peut-être pas aussi simple que celle de mal-logés ou pas-du-tout-logés faisant du chichi en refusant de beaux appartements en dehors du centre de la capitale. Mais de n'avoir montré que cela, la communication officielle comme l'argumentaire des mécontents laissent l'opinion perplexe. Ceux qui ont compris et ceux qui se posent encore des questions. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir