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Le pacte d'Alger
Conférence sur la sécurité et le développement au Sahel
Publié dans Le Temps d'Algérie le 07 - 09 - 2011

Les quatre pays du Sahel, en l'occurrence l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger ont lancé un appel commun et unifié aux puissances mondiales en vue de bâtir un partenariat définissant les moyens et les mécanismes d'assurer la sécurité de la région et la sortir du sous-développement.
Ce message à caractère urgent a été lancé hier à l'ouverture des travaux de la conférence de haut niveau sur le partenariat dans les domaines de la sécurité et du développement entre les pays du champ et les partenaires extrarégionaux, hier à Alger.
Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a exprimé clairement les attentes des pays de cette réunion. «Le partenariat que nous souhaitons peut apporter des réponses aux besoins de formation, de renforcement des capacités, d'échange d'évaluation et de renseignement, de fourniture d'équipements spécifiques parallèlement à la mise en œuvre de projets de développement bénéficiant aux populations vulnérables.»
Les représentants de ces pays ont exposé les différentes menaces qui rongent la région et les défis majeurs à relever pour atteindre cet objectif. Pour Soumeylou Boubeye Maiga, ministre des Affaires étrangères du Mali, la région du Sahel constitue une zone de turbulence marquée par «de nombreux conflits internes et d'insurrections en plus de la situation économique et sociale très vulnérable.
Le deuxième défi a trait à l'explosion de la criminalité transnationale du fait de la transition de 50 tonnes de cocaïne par cette région, soit 30% de la consommation mondiale.
La recrudescence de l'activité du groupe terroriste Al Qaïda au Maghreb (AQMI), encouragé et soutenu par le payement des rançons, continue de maintenir le Sahel dans une situation d'otage de crime».
M. Soumeylou Boubeye Maiga estime que les présents à cette réunion doivent agir en «transformant le Sahel en zone de sécurité et de bénéfice partagé à l'ensemble des pays», a-t-il indiqué lors de son intervention à l'ouverture des travaux. Le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de coopération, Hamadi Ould Baba Hamadi, est revenu sur le manque crucial des moyens matériels et humains, empêchant les pays de la sous-région d'assurer la protection de leurs frontières.
«La présence de conflits permanents et ouverts dans la région a eu comme conséquences une circulation massive des armes individuelles et collectives et l'intégration des jeunes dans les mouvements de rébellion. Ceci s'ajoute à l'intensification des réseaux terroristes, de contrebande et de trafic des biens et des êtres humains à travers l'émigration clandestine».
Le représentant de la Mauritanie affirme la responsabilité entière des gouvernements et des Etats «dans la prise en charge des populations en mettant en place des programmes de développement assurant l'intégration des jeunes et l'amélioration des niveaux de vie des citoyens».
Mohamed Bazoum, ministre nigérien des Affaires étrangères, estime que les efforts déployés par les pays du Sahel ont «abouti à un bilan concret dont ils peuvent mesurer l'impact sur le terrain». Néanmoins, les mécanismes créés dans le cadre de la coopération entre les pays, en l'occurrence le comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) «est loin d'avoir été opérationnel», a-t-il souligné appelant, à la nécessité de «mettre en place une coopération plus efficace».
L'impact du conflit libyen a été tragique pour le Niger «transformé en poudrière où circulent librement et anarchiquement au Sahara les armes, les produits explosifs comme le semtex et les 4x4 volés».
Il plaide en faveur de l'établissement d'une liaison directe entre le crime organisé et le terrorisme et la prise en charge des facteurs endogènes qui entraînent la propagation de ces fléaux en assurant une vie descente aux jeunes. «Il faut agir vite et bien», a-t-il indiqué appelant à un plan d'aménagement général et global pour la région car «la menace terroriste est internationale même si elle est géographiquement limitée».
Soutien international
Mme Villa Rosa, représentante des Etats-Unis, a affirmé le soutien des USA à la démarche initiée par les pays du Sahel. «Nous allons apporter notre quote-part. Les USA continuent d'apporter leur appui permanent pour la lutte antiterroriste au Sahel à travers des capacités militaires et le financement sans oublier les aspects économique et sociale».
Pour elle, «la menace terroriste est unique, elle a un caractère spécifique. Nous avons en face un ennemi hautement motivé, qui planifie des attentats contre les Etats en se basant sur les conditions locales à travers le recrutement», a-t-elle indiqué.
Pour elle, cette lutte doit se faire par les gouvernements qui doivent se référer aux pays qui ont une expérience en la matière. Elle annonce la tenue du forum mondial dédié à la lutte antiterroriste qui aura lieu à la fin du mois en cours où l'Algérie présidera l'atelier du Sahel. Ce forum vise à «amener les pays à mieux utiliser les moyens de cette politique».
Le général Carter F. Ham d'Africom souligne que le rôle des Etats-Unis sera «celui de soutien et non de chef de fil. Nous allons intervenir là et où on nous demande et quand nous pouvons». Le conseiller du président français Nicolas Sarkozy, André Parent, estime que le rôle primordial dans la lutte contre le terrorisme revient aux pays du Sahel «qui doivent se mobiliser et agir car nul ne peut se substituer à eux».
La France, a-t-il souligné, est déterminée à apporter la continuité de la coopération déjà engagée à travers un plan qu'elle va présenter lors de cette rencontre. Robin Servi, du Royaume-Uni, estime que le développement de la situation en Libye et au Sahel suscite l'attention des pays internationaux.
«Nous connaissons les préoccupations d'Alger et d'autres pays sur l'instabilité régionale et nous allons travailler ensemble pour que cela ne se concrétise pas.» Cette réunion servira, selon lui, à exhorter les pays à ne pas payer les rançons, «ce qui renforcera le terrorisme et l'aidera à s'étendre à l'Afrique centrale».
Il a réitéré l'engagement de son pays à coordonner dans ce sens. Pour Manuel Lopez Blanco, «la crise libyenne est venue rajouter des nouveaux défis à cette situation déjà complexe à travers le retour des migrants et l'inquiétante circulation des armes». Selon lui, l'UE s'est dotée d'une stratégie holistique, intégrée et régionale pour aider les pays du Sahel à faire face à l'insécurité et aux défis du développement.
L'UE préconise une approche intégrée et une stratégie respectueuse du principe d'appropriation, de solidarité et de cohérence». Il rappelle que l'UE a dégagé 650 millions d'euros pour le Maghreb et le Sahel et 250 millions d'euros pour la mise en œuvre de cette stratégie.


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