Sanaa était le théâtre d'affrontements, hier, en dépit d'un cessez-le-feu instauré la veille, après trois jours de combats meurtriers entre partisans et opposants du président Ali Abdallah Saleh. Ces heurts compromettent les contacts diplomatiques pour une sortie de crise au Yémen, meurtri par huit mois de contestation visant à obtenir le départ du président Saleh. Les affrontements violents survenus dans la capitale Sanaa et dans la province méridionale de Taez, qui ont déjà fait 69 morts et plus de 750 blessés depuis dimanche. Des accrochages à l'artillerie, ponctués d'explosions d'obus, se déroulaient dans un quartier du centre de la capitale yéménite, où se trouve notamment la résidence du vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, ont précisé des habitants. Avec la reprise des affrontements, les habitants se terraient chez eux et les commerces et les banques ont baissé leurs rideaux. Le cessez-le-feu devait favoriser les efforts diplomatiques entrepris par l'ONU et les monarchies du Golfe pour une transition du pouvoir au Yémen, agité depuis la fin janvier par une contestation populaire de M. Saleh, qui refuse de quitter le pouvoir. M. Saleh est soigné depuis plus de trois mois en Arabie saoudite après qu'il a été blessé, le 3 juin, dans une attaque contre son palais, à Sanaa. Selon des sources diplomatiques, M. Hadi, qui assure l'intérim du chef de l'Etat, devait rencontrer hier l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar, et le médiateur du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdellatif Al-Zayani, qui se trouvent depuis lundi à Sanaa pour tenter d'accélérer une sortie de crise. Mais l'embrasement autour de la résidence du vice-président pourrait compromettre ces rencontres, a-t-on toutefois indiqué de mêmes sources, ajoutant que l'opposition yéménite n'avait pas encore rencontré mardi les deux émissaires. Le Yémen au bord d'une catastrophe humanitaire, prévient l'Unicef Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a prévenu mardi que le Yémen était au bord d'une crise humanitaire avec des taux de malnutrition qui sont parmi les plus élevés au monde, notamment chez les enfants des communautés déplacées par des affrontements. «Les programmes de vaccination sont menacés puisque le manque d'électricité et de gaz compromet la chaîne du froid et donc la viabilité des vaccins, particulièrement dans les zones rurales. Le risque d'épidémies telles que la rougeole augmente de jour en jour», a déclaré mardi une porte-parole de l'Unicef à Genève, Marixie Mercado. Les enfants ont accumulé un retard scolaire de presque deux mois à cause des combats qui font rage dans un pays qui était déjà à la traîne en ce qui concerne l'enseignement primaire. «L'Unicef fait appel à tous ses partenaires pour éviter que la catastrophe menaçante ne se déclare», a dit Mme Mercado. Les Etats-Unis condamnent les violences sanglantes Le Département d'Etat américain a condamné mardi les récents affrontements meurtriers au Yémen, soulignant que les violences compromettaient les efforts entrepris pour résoudre la crise politique dans le pays. Mme Nuland a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à s'abstenir de commettre de nouvelles violences, et elle a appelé à ce que soit rapidement lancée «une enquête impartiale sur les événements qui ont conduit à la récente flambée de violence». Les Etats-Unis continueront à soutenir les aspirations du peuple yéménite à une transition pacifique et ordonnée, a-t-elle ajouté. «Une solution politique est le meilleur moyen d'éviter de nouvelles effusions de sang», a déclaré la porte-parole, ajoutant que les Etats-Unis espéraient toujours que l'accord de transition proposé par le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG) pourrait être signé.