Des milliers de citoyens marocains ont manifesté, dimanche, dans plusieurs villes du pays, revendiquant des réformes politiques profondes. Des mouvements populaires passés sous un silence total par les médias internationaux et marocains. Malgré leur ampleur et leur organisation et les slogans brandis, les journaux et médias du royaume ont fait l'impasse sur l'évènement. Voilà une autre preuve sur le «changement politique au Maroc». Les agences de presse ont minimisé l'évènement jusqu'à l'ignorer. A Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech, des milliers de manifestants ont bravé la peur et les autorités. Les slogans étaient illustratifs de la déception du peuple marocain quant à la situation de leur politique sur tous les plans, politique, économique et social. Sur le boulevard Al-Harti, dans le quartier populaire de Sbata à Casablanca, ils étaient plus de 15 000 selon les organisateurs à revendiquer des changements politiques et sociaux. «La corruption ravage notre quotidien», «Plus de justice sociale», «Non au cumul de la fortune et du pouvoir», lisait-on sur les pancartes des manifestants. Le Mouvement su 20 Février est impliqué dans ces marches populaires. A Rabat, ils étaient plus d'un millier de personnes à manifester en partant du quartier populaire Yacoub El Mansour vers le Parlement, au centre-ville. Certains manifestants ont revendiqué notamment la libération du jeune rappeur du Mouvement, Mouad Al-Haqed, arrêté depuis le 10 septembre à Casablanca. A Tanger, au nord, ils étaient également nombreux à sortir dans le quartier populaire Beni Makada et autant à Marrakech, au sud du royaume. Le peuple marocain réclame une «vie digne» sachant qu'il vit dans une situation sociale des plus explosives, avec une paupérisation galopante, le phénomène de la pédophilie, surtout à Tanger et à Marrakech, «le tourisme sexuel», l'exclusion, ainsi que le trafic de drogue et la violence. Il s'agit d'ingrédients d'une véritable révolte surtout au sein de la société marocaine connue pour son attachement aux valeurs ancestrales et son patriotisme. Pour rappel, le Maroc a été touché de plein fouet par la crise économique mondiale. Il faut dire que le Maroc partage les mêmes frustrations que celles des peuples tunisiens et égyptiens, dont on peut citer l'absence d'un multipartisme puissant et de presse libre.