Malgré la tentation des services de la police de les déloger, les 13 grévistes de l'Entreprise des transports urbain et suburbain d'Alger (Etusa) semblent décidés à continuer la grève de la faim observée depuis dimanche dernier. En grève de la faim illimitée depuis trois jours, les grévistes semblent décidés à ne pas quitter les lieux en dépit des intimidations des forces de sécurité. «Ils veulent nous faire sortir par la force», nous a déclaré le porte-parole des grévistes Mohamed Kheroubi, ajoutant que «personne n'a le droit de nous faire déplacer». «Qu'ils nous montrent d'abord le mandat de perquisition», poursuit notre interlocuteur tout en pointant du doigt les agents de l'ordre présents sur place. «On restera ici jusqu'à la satisfaction de nos revendications», a-t-il ajouté. Des marques d'épuisement se lisaient sur les visages des grévistes allongés à même le sol. Un des grévistes a été évacué lundi à l'hôpital Mustapha Pacha, en raison de son état de santé qui s'était dégradé, nous a-t-on dit. Ce dernier a rejoint, le lendemain, ses collègues après des soins. Dénonçant l'indifférence affichée par la tutelle et la centrale syndicale, M. Kherroubi souligne que toutes leurs tentatives sont restées vaines. «Il (le chef de la centrale syndicale) nous ignore carrément». Les grévistes en veulent au secrétaire général de l'UGTA puisqu'il leur avait promis de prendre en charge leur problème, et les avait dirigés vers l'union de wilaya d'Alger. Cette dernière a, cependant, refusé de les recevoir et de les écouter. Scandant des slogans hostiles à l'administration de leur entreprise et dénonçant l'injustice dont ils sont victimes, les protestataires réclament leurs droits qu'ils qualifient de «légitimes». Il s'agit, pour rappel, des indemnités relatives à la compression de certains employés de la société de transport qui sont au nombre de 269. Leur problème remonte à plus de 13 ans (en 1998) quand l'administration a procédé à la compression involontaire de son personnel en raison d'un sureffectif, explique-t-il. Il reproche dans ce cadre à l'administration de l'entreprise le non-respect des deux décrets 94/09 et 94/11. Mais malgré leur réintégration en 3 mars 2007, ces travailleurs n'ont jamais été indemnisés. Selon M. Kheroubi, l'administration a reconnu dans un écrit, en novembre 2007, à la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) qu'ils n'ont pas été indemnisés. Sur les 214 travailleurs, 89 seulement ont été indemnisés par l'entreprise, laissant de côté les autres. «125 travailleurs n'ont pas été indemnisés jusqu'à ce jour», dit-il en soulignant que le montant de la cotisation de l'entreprise à la Cnac était de 956 millions DA.