La situation était tendue, hier dans la matinée, dans la paisible localité de Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, où des habitants de la cité Sonelgaz ont investi la rue pour exprimer leur crainte d'être expulsés des logements qu'ils occupent depuis des années. La plupart de ces habitants sont des retraités de Sonelgaz auxquels se sont joints d'autres résidants parmi le personnel encore en activité. Sortis dans la rue pour réclamer la cession des logements auprès de leur société, leur manifestation a failli dégénérer en affrontements avec des policiers mobilisés en grand nombres sur les lieux. Néanmoins la situation a été très vite maîtrisée par les forces de l'ordre qui sont parvenus à parer à tout dérapage. Le choix du jour de l'organisation de cette manifestation n'était pas fortuit. Hier, Noureddine Bouterfa, le P-DG de Sonelgaz, devait animer à Ben Aknoun une conférence de presse portant sur la présentation du bilan d'activités et des comptes de gestion de l'entreprise pour l'année 2010. M. Bouterfa a été contraint par la contestation à changer de lieu et à tenir son point de presse à Gué de Constantine. Interrogé sur les raisons de cette manifestation, le P-DG de Sonelgaz a tenu de préciser «qu'aucune décision d'expulsion n'a été notifiée où donnée à qui que ce soit. Au contraire, nous allons tout faire pour que les retraités puissent trouver une solution». Plus explicite, il rappellera qu'une décision a été prise pour permettre aux retraités de Sonelgaz de devenir locataires des logements qu'ils occupent, actuellement, ajoutant que la gestion du parc immobilier de la société est confiée à l'entreprise Sopieg de gestion immobilière, chargée d'établir des contrats de location. Des contrats que les retraités «ne veulent pas signer», a encore ajouté M. Bouterfa, précisant que les concernés revendiquent la cession par l'entreprise des logements. Ce qui est «inadmissible» de l'avis du conférencier pour qui les retraités doivent restituer les logements. Le P-DG de Sonelgaz insiste, toutefois, sur le fait qu'aucune décision d'expulsion n'a été adressée aux occupants. «Je défie quiconque de m'apporter la preuve selon laquelle on a adressé une quelconque décision d'expulsion à l'adresse des retraités», a-t-il déclaré, en invitant les concernés à saisir la justice pour faire valoir leur principale revendication portant sur le rejet d'un contrat de location. Ainsi, ce différend qui oppose la direction générale de Sonelgaz à ses retraités risque de perdurer dans le temps et il n'est pas exclu de nouveaux rebondissements de cette affaire prochainement.
Sonelgaz veut un statut fiscal particulier Sur un autre volet, M. Bouterfa a mis l'accent sur la nécessité de doter la Sonelgaz d'un statut fiscal particulier arguant que l'entreprise s'acquitte des 17% de la TVA sur ces projets d'investissement au moment où sa clientèle ne paie que 7% de cette taxe. Le choix d'un statut fiscal particulier permettra en outre à l'entreprise un meilleur recouvrement financier, a encore ajouté le conférencier, révélant qu'un montant de 100 milliards de dinars fait l'objet actuellement de discussion entre Sonelgaz et la direction des impôts. A une question relative à une éventuelle augmentation des tarifs d'électricité, le P- DG de Sonelgaz répondra : «Jusqu'à présent, l'Etat a décidé de ne pas augmenter les tarifs, c'est une décision que nous respectons.» Au sujet des coupures fréquentes d'électricité, constatées au niveau de la capitale, il est indiqué que «le réseau de Sonelgaz, au niveau de la capitale, est de nature souterraine, ce qui provoque beaucoup d'incidents. Ce réseau devait recevoir beaucoup d'ouvrages de développement qui n'ont pas été réceptionnés à temps en raison de la persistance de la problématique du foncier». Par ailleurs, pour l'année 2010, le bilan d'activité et des comptes de gestion de Sonelgaz fait ressortir un montant d'investissement de près de 240 milliards de dinars. Pour les dix prochaines années, le groupe exprime un besoin de 30 milliards de dollars à injecter dans les programmes d'investissements, soit 40% dans la production, 30% dans le transport et 30% dans la distribution. Le même document fait ressortir en outre un déficit de plus 41 milliards de dinars qui a été constaté au courant de l'année écoulée. Evoquant le volet des ressources humaines, le P-DG a parlé du rajeunissement du personnel en attestant du recrutement de 15 000 jeunes fraîchement diplômés pour un contrat de travail à durée indéterminée.