La réponse donnée hier par le ministre de la justice, garde des sceaux, à l'issue des débats sur le projet de loi organique fixant les modalités d'élargissement de la représentation des femmes au sein des assemblées élues était sans ambages : «Je m'oppose, en mon nom, moi qui ai eu l'insigne honneur d'être désigné en 2008 par le chef de l'Etat à la tête de la commission nationale qui a préparé ce texte, et au nom du gouvernement, aux amendements apportés par la commission de l'APN. Nous maintenons le taux (1 tiers) tel qu'il a été prévu par le nouveau projet», a tonné M. Tayeb Belaïz qui se «réjouira» d'apporter les clarifications qui s'imposent. Pour le ministre de la Justice qui «ne vise» dans ses réponse «ni les partis, ni les personnes», «il n'y a en Algérie ni texte ni dispositions légales contraires à l'égalité dans le droit et les devoirs entre l'homme et la femme, ou discriminatoires à l'égard de cette dernière depuis 1962s. Il rappellera dans ce contexte les articles 29,30 et 31 bis de l'actuelle constitution amendée en 2008. «La question qui se pose est celle-là : est-ce que cette légalité est appliquée sur le terrain ?» explique-t-il, non sans s'interroger sur les raisons qui ont fait que, 50 ans après l'indépendance, l'on se retrouve avec seulement 3 femmes à la tête des APC et aucune ne dirige une Assemblée populaire de wilaya (APW), alors que les femmes «représentent 53% de la population», fait-il remarquer. «On n'a jamais imposé à la femme de rester à la maison à l'époque de la Révolution», ironise-t-il comme pour répondre à ceux qui ont invoqué «les spécificités régionale», pour rejeter le quota d'un tiers imposé aux listes électorales, qualifiant la situation actuelle de la représentation de la femme de «catastrophique». Le représentant du gouvernement affirmera dans ce sillage que plusieurs membres du gouvernement sont pour la parité entre les hommes et les femmes, mais il faut d'abord «commencer avec le possible». Il affirmera pour justifier le choix du gouvernement pour le système des quotas que plusieurs députés ont rejeté sous prétexte qu'il est contraire aux dispositions de la Constitution, que 87 pays dans le monde l'appliquent. «C'est un système transitoire», a-t-il tenu à préciser tout en justifiant le choix du tiers comme quota minimal. «Nous avons opté pour le tiers pour qu'il y ait impact sur la décision politique», a expliqué Belaïz avant de s'attaquer au choix de la commission des affaires juridiques, administrative et des libertés de l'APN dirigée, faut-il le rappeler, par le FLN, qui se voit ainsi contredit frontalement par le gouvernement. «Je me demande sur quelle base elle a opté pour 20% ?» s'est-il encore interrogé. Les raisons invoquées par la commission ne tiennent pas la route, a laissé entendre Belaïz. «L'on évoque l'évolution graduelle du taux, mais il faut signaler qu'en 1962, l'on disposait de 10 femmes députés alors que qu'on ne retrouve que 7 femmes au sénat actuellement», note-t-il, et d'ironiser encore une fois : «C'est une évolution graduelle à l'envers». Continuant sur sa lancée, Belaïz battra en brèche aussi «le poids des traditions», deuxième justificatif de la commission : «Est-ce que la tradition interdit uniquement au femmes de faire de la politique et lui permet au même temps d'être présente en force dans plusieurs secteur» ? tonnera-t-il, citant plusieurs secteurs tels que l'enseignement, la santé et la justice où la femme est omniprésente. «Nul ne peut arrêter le cours de l'histoire. La société algérienne a évolué et évoluera», note-t-il, tout en rappelant que «l'Algérie est partie intégrante d'un monde qui évolue». «La femme algérienne n'est pas mineure, donnez-lui sa chance», a-t-il conclu. Un véritable réquisitoire contre les tenants de l'obscurantisme. Et c'est encore une fois le FLN, initiateur des amendements via la commission qu'il dirige, qui reçoit là un sérieux coup.