Un journal officiel syrien s'en est violemment pris mercredi à la Ligue arabe l'accusant de vouloir "déstabiliser" la Syrie, après un appel de cette organisation à une conférence de dialogue entre l'opposition et le régime du président Bachar al-Assad. "Il n'est plus étonnant de voir la Ligue arabe, censée se concentrer sur l'action arabe commune, se transformer en un instrument d'injustice pour déstabiliser la Syrie", écrit le quotidien As Saoura, au moment où le régime syrien continue de réprimer dans le sang la révolte populaire. Pour le journal, l'organisation basée au Caire est "devenue l'otage de forces dominantes qui agissent conformément à un agenda dicté par des pays agresseurs comme l'Amérique et Israël et leurs alliés européens". "Après des années d'inaction, la Ligue arabe se transforme aujourd'hui en un outil de déstabilisation, agissant à l'encontre des intérêts arabes", accuse-t-il. La Ligue arabe a appelé le 16 octobre, à l'issue d'une réunion extraordinaire sur la Syrie, à la tenue d'une "conférence de dialogue national" sous 15 jours au Caire entre le gouvernement syrien et l'opposition, pour mettre fin aux violences et "éviter une intervention étrangère". Elle a aussi décidé de former une commission ministérielle présidée par le Qatar et comprenant l'Algérie, le Soudan, le sultanat d'Oman et l'Egypte ainsi que le secrétaire général Nabil al-Arabi, pour "contacter les dirigeants syriens afin de mettre fin à tous les actes de violence". Le délégué de la Syrie auprès de la Ligue arabe, Youssef Ahmad, avait dénoncé lors de cette réunion "un complot" contre son pays et accusé des "groupes terroristes armés" d'être derrière les violences en Syrie. Selon l'ONU, plus de 3.000 personnes en grande majorité des civils ont péri dans la répression en Syrie depuis le 15 mars. La télévision d'Etat syrienne a par ailleurs diffusé des images d'une manifestation rassemblant selon elle un million de personnes à Alep (nord), deuxième ville de Syrie, pour soutenir le président Assad et dénoncer "les ingérences étrangères dans les affaires du pays". Les participants brandissaient des portraits d'Assad, des drapeaux syriens, russe et chinois et des pancartes saluant les réformes annoncées par le régime. La Russie et la Chine, deux pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ont opposé le 4 octobre leur veto à un projet de résolution des pays occidentaux menaçant le régime syrien de "mesures ciblées" pour qu'il cesse la répression sanglante des manifestations.