La destitution d'Abdelaziz Belkhadem se prépare activement au sein du Mouvement de redressement et de l'authenticité du FLN qui envisage, sérieusement, de tenir «prochainement» un congrès extraordinaire, une sorte de 9e congrès bis. Salah Goudjil, coordinateur du mouvement, appelle à cet effet les cadres du FLN, sénateurs et députés inclus, à se «positionner» à ce propos, alors que les élections prochaines sont en ligne de mire des redresseurs qui comptent entrer en compétition sous la casquette d'indépendants, «mais en défendant les slogans du FLN». Le coordinateur du mouvement de redressement Salah Goudjil, qui s'exprimait hier en conférence de presse qui fait suite, restera toutefois évasif quant à la date de la tenue du congrès, expliquant que la conjoncture actuelle (l'avènement des réformes politiques, les échéances électorales…) ne permet pas d'avancer une date. «Nous n'avons pas encore commencé à préparer le congrès. Il faut d'abord consulter les militants et aussi le faire conformément à la loi. Il faut une base juridique», a-t-il dit, expliquant que le mouvement attend la promulgation de la nouvelle loi sur les partis pour être mieux fixé. «La conférence nationale des cadres, tenue le 13 octobre, est déjà un congrès», lâchera-t-il, affirmant que le congrès qu'envisage de tenir le mouvement, sera «démocratique», à l'issue duquel «le secrétaire général sera issu des urnes». A l'adresse des cadres du parti, Salah Goudjil fera un appel «solennel» pour qu'ils se positionnent une bonne fois pour toute. «Il est temps que tout le monde prenne position, c'est l'une des conditions de la tenue du congrès extraordinaire», dira Salah Goudjil, qui martèle que l'identité des redresseurs «est le FLN». La crise «interne» au parti ne risque-t-elle pas alors d'aboutir à «deux FLN» qui seront en concurrence lors des prochaines échéances électorales ? Là-dessus, Goudjil, qui dénonce la direction actuelle du FLN, est catégorique. Qualifiant la crise que vit le parti de «la plus difficile que le FLN ait vécue», il révèlera que «même si la loi ne nous permet pas de nous présenter aux élections sous la bannière FLN, nous le ferons en tant qu'indépendants avec les slogans du FLN». «Nous avons voulu que ce soit autrement, mais eux (Belkhadem et ses partisans) ne pensent qu'aux postes alors que le peuple n'a pas encore tranché. C'est de la cécité», précisera Salah Goudjil. «Prêts à la levée de l'immunité parlementaire et à affronter Belkhadem devant la justice» Revenant sur la dernière conférence des redresseurs autorisée par les autorités, et les interrogations qu'elle a soulevées, le coordinateur du mouvement de redressement n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour accuser le secrétaire général du FLN, qui compte tenir un meeting «préélectoral», samedi prochain, à la coupole, de «manœuvres basses». «Nous avons reçu l'aval de l'administration conformément à la loi alors qu'ils estiment que le ministre de l'Intérieur, que nous remercions, a été induit en erreur», explique Goudjil. «Belkhadem croit toujours qu'on est sous état d'urgence. Il ne comprend pas que la loi a changé et la situation politique aussi va changer à la lumière des profondes réformes engagées», renchérira-t-il, avant d'évoquer la menace de l'actuelle direction d'ester en justice les membres du mouvement pour avoir… «usurpé l'identité du parti». «On est prêts à aller en justice. On est aussi prêts à demander la levée de l'immunité parlementaire à cet effet», assène-t-il. «Une occasion idoine pour tout déballer», dit-il, avant de s'adresser directement à Belkhadem and co : «Avez-vous la légitimité après le 9e congrès ? Avez-vous respecté les statuts du parti et le règlement intérieur ?», a-t-il interrogé, estimant que même la tentative de dialogue engagée a été «détournée». Affirmant qu'il est toujours «pour le dialogue», Goudjil taclera encore Belkhadem, auquel il proposera un débat public en présence des militants et de la presse, où carrément «un débat télévisé». Le chef de file des redresseurs croit savoir que le meeting, programmé par Belkhadem samedi prochain à la Coupole du 5-Juillet, «une rencontre à laquelle ne participeront pas les militants», n'est qu'une campagne avant l'heure, non pas pour les législatives, mais pour la présidentielle de 2014, «en réaction à notre conférence, tout en utilisant la célébration du 1er Novembre comme alibi». «Novembre appartient aux siens», martèle Goudjil qui affirmera que Belkhadem est en campagne pour la présidentielle depuis le 9e congrès. «Nous dénonçons ce meeting», a dit Goudjil, qui dénoncera également «ceux qui veulent entraver les réformes». Sur ce sujet, il dira : «Nous approuvons tout ce qui provient de ces réformes car nous croyons à la volonté du président.» En clair, la scission se dessine de plus en plus au FLN et les redresseurs qui affirment avoir le soutien de la base ne désespèrent pas de voir le FLN «revenir aux siens, d'ici janvier 2012». La bataille est plus que jamais engagée.