Le Mali n'acceptera en aucune manière qu'une force militaire étrangère s'installe sur son territoire, même si son objectif s'inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste, a affirmé le président malien, M.Amadou Toumani Touré, dans un entretien à la télévision nationale diffusé jeudi. M. Toumani Touré a indiqué que son pays, tout comme l'Algérie, est "très jaloux de son indépendance et de sa sécurité. Le Mali, en aucune manière, ne peut accepter qu'une force étrangère vienne s'implanter sur son territoire, même si cette force venait pour l'aider". Le chef de l'Etat malien, qui a achevé jeudi une visite officielle de quatre jours en Algérie, a estimé qu'"internationaliser une situation qu'ensemble, nous pouvons sans doute maîtriser, est exactement la solution qu'il faut éviter". "Le Mali, en tout cas, n'est pas prêt à recevoir une force étrangère sur son territoire pour le seul but de l'aider dans sa lutte antiterroriste", a-t-il dit, affirmant que les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) sont "entièrement disposés" à combattre ensemble ce phénomène. Le chef de l'Etat malien a appelé, en outre, à se pencher davantage sur la situation dans la région sahélo-sahélienne confrontée ces dernières années à diverses menaces transfrontalières comme le trafic d'armes et de drogue et une présence de "plus en plus accrue" de terroristes due à la crise en Libye. "Aujourd'hui, ce sont des armées entières (officiers, sous officiers et soldats) qui quittent la Libye lourdement armées et qui reviennent vers leurs pays d'origine et le Mali en fait partie", a-t-il dit. Les entretiens entre la partie algérienne et malienne ont porté essentiellement sur cette problématique, notamment l'analyse de cette crise, la coopération en la matière et les solutions envisagées, a-t-il précisé. "Nous avons une vision commune qui nous permet de nous mettre ensemble pour lutter contre le terrorisme et ses connexions (crime organisé)", a-t-il rappelé, soulignant que la coopération demeure la réponse la mieux adaptée pour une lutte efficace. Interrogé sur la criminalisation du paiement de la rançon, il a indiqué que les résolutions et recommandations algériennes relatives à la criminalisation du paiement de la rançon présentées à l'ONU et à l'Union africaine sont "largement supportées et suivies par le Mali". Sur les relations bilatérales, il a déclaré que la coopération algéro-malienne touche tous les domaines et que "cette fois ci, elle a été nettement plus concrète", saluant à cette occasion l'apport financier de l'Algérie dans le cadre de son soutien aux populations du Nord du Mali. Le chef de l'Etat malien a précisé que les discussions entre les parties algériennes et maliennes ont porté notamment sur les secteurs de l'Education, de la Santé, de la pêche, de l'élevage ainsi que les domaines de l'industrie mécanique et des infrastructures. "Nous avons accepté qu'une société algérienne se chargera, dans les mois à venir, de réaliser le premier forage dans le cadre de la recherche pétrolière au Mali", a-t-il ajouté, rappelant la tenue récente de la commission mixte algéro-malienne sanctionnée par la signature de huit accords de partenariat. Il a indiqué qu'un protocole d'accord algéro-malien va permettre à l'Algérie la fourniture de carburant dans les régions de Kidal et Gao et du gaz dans les zones désertiques.