Le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a rejeté par avance toute accusation sur un programme nucléaire militaire de son pays avant la publication d'un rapport de l'AIEA, affirmant hier à Erevan que les Occidentaux n'avaient toujours «aucune preuve sérieuse». Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, cité de son côté par le site de la télévision d'Etat iranienne, a critiqué Washington. «Les Etats-Unis, qui possèdent 5000 bombes atomiques, nous accusent avec impudence de fabriquer l'arme atomique, mais ils doivent savoir que si nous voulons couper la main qu'ils ont étendue sur le monde, nous n'aurons pas besoin de la bombe atomique», a-t-il déclaré. A Erevan, interrogé lors d'une conférence de presse sur le rapport attendu aujourd'hui de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), M. Salehi a affirmé qu'«il n'y a aucune preuve sérieuse que l'Iran est en train de fabriquer une ogive nucléaire». Selon des sources diplomatiques occidentales, le nouveau rapport de l'AIEA fait écho aux soupçons sur les ambitions militaires du programme nucléaire iranien. Téhéran s'est toujours défendu de vouloir acquérir l'arme atomique, assurant que ses recherches n'ont que des visées civiles en matière d'énergie. «L'Occident et les Etats-Unis exercent une pression sur l'Iran sans arguments sérieux ni preuves», a ajouté M. Salehi, s'exprimant à l'issue d'une rencontre avec son homologue arménien Edouard Nalbandian. «Nous n'avons cessé de répéter que nous n'allons pas fabriquer d'armes nucléaires. Notre position a toujours été de ne pas utiliser notre programme nucléaire à des fins autres que pacifiques», a encore dit M. Salehi. «Si l'AIEA présente un rapport qui n'est pas objectif, elle perdra de sa crédibilité», a-t-il estimé. Dans son rapport, l'AIEA doit, toujours selon des sources diplomatiques occidentales, critiquer de nouveau «l'absence de coopération» de l'Iran et «le non-respect de ses obligations» en tant que pays membre, en particulier la poursuite de l'enrichissement d'uranium qui pourrait, à terme, lui permettre d'accéder à l'arme atomique. La Chine a demandé hier à l'Iran de coopérer «avec sincérité» avec l'AIEA, préconisant «le dialogue et la coopération». Depuis Berlin, le président russe Dmitri Medvedev a mis en garde contre «une rhétorique dangereuse», tout en admettant que Téhéran n'avait pas respecté ses engagements. «Il faut que les parties prenantes reviennent au calme et il faut éviter les menaces et ce type de commentaires belliqueux», a-t-il déclaré, «tout cela pourrait conduire à un conflit très important et ce serait une catastrophe pour le Moyen-Orient». Les Iraniens ont dit à la Russie qu'ils «étaient prêts à coopérer, mais il n'y a malheureusement pas eu de pas dans ce sens», a ajouté M. Medvedev. L'Iran envisage d'exporter sa technologie nucléaire L'Iran envisage d'exporter sa technologie nucléaire, a déclaré le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Fereidoun Abbasi, cité lundi par l'agence de presse locale Mehr. «Nous sommes dans le processus de prise de décision et explorons les moyens pour renforcer notre autosuffisance et exporter nos équipements nucléaires», a déclaré M. Abbasi. «Ces dernières années, des progrès significatifs dans plusieurs domaines technologiques, y compris la technologie nucléaire, ont été réalisés dans le pays», a-t-il affirmé, ajoutant que cela a rendu l'Iran capable d'exporter ses connaissances nucléaires. Téhéran a insisté sur les aspects «pacifiques» de son programme nucléaire, alors que les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont peur que l'Iran n'utilise l'enrichissement d'uraninium pour fabriquer des bombes atomiques.