Les enfants autistes ont plus de neurones et un cerveau plus gros que ceux qui ne souffrent pas de ce syndrome aux origines inconnues, révèle une petite étude dont les résultats sont publiés mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Cette recherche préliminaire, qui a consisté en l'analyse post-mortem de cerveaux de treize jeunes garçons âgés de deux à 16 ans, a révélé que les sept garçons qui souffraient d'autisme avaient en moyenne 67% plus de neurones dans la région du cortex préfrontal, selon le Dr Eric Courchesne, professeur de neurologie à l'Université de Californie (ouest) à San Diego et principal auteur de ces travaux parus dans le JAMA daté du 9 novembre. Cette zone du cerveau est le siège de différentes fonctions cognitives supérieures comme le langage, la communication et le raisonnement, compétences intellectuelles les plus affectées par l'autisme. Ces travaux paraissent confirmer des observations faites il y a une dizaine d'années avec l'aide de l'imagerie par résonance magnétique (IRM), révélant une croissance excessive du cerveau chez les enfants autistes. Les neurologues avaient alors théorisé qu'une prolifération excessive de ces neurones, résultant d'un dysfonctionnement prénatal, pourrait être la cause sous-jacente du syndrome. Une sur-dimension du cerveau et de la tête ainsi que de mauvais fonctionnements neuronaux sont observables très jeunes chez les autistes. Les chercheurs ont aussi déterminé que le poids du cerveau des autistes dans l'échantillon était 17,6% plus grand que celui des enfants normaux au même âge. Selon ces chercheurs, "cette étude est la première à mesurer quantitativement l'excès neuronal dans le cortex préfrontal et a confirmé la théorie selon laquelle une surabondance pathologique de neurones est présente dans des zones clé du cerveau à un très jeune âge chez les autistes". "Dans la mesure où ces neurones corticaux ne sont pas fabriqués après la naissance, l'accroissement anormal du nombre de neurones chez les enfants autistes est le signe d'un processus prénatal", explique le Dr Courchesne. La prolifération de ces neurones se fait entre la dixième et la vingtième semaine de gestation de manière exponentielle. A ce stade, il y a une surabondance neuronale", poursuit-il. Mais durant le troisième trimestre de grossesse et les premiers moments de la vie de l'enfant, environ la moitié de ces neurones sont, comme il se doit, éliminés dans un processus normal de mort cellulaire régulé. Un échec de ce processus clé du développement du fœtus et du jeune enfant créé apparemment un excès pathologique de neurones corticaux, explique le Dr Courchesne. "Nous avons trouvé un tel excès de neurones dans tous les cerveaux des enfants autistes étudiés" dans cette recherche, souligne-t-il. "Notre étude laisse ainsi penser qu'un nombre excessif anormal de ces neurones pourrait être assez fréquent parmi les enfants autistes", ajoute-t-il. "Si de futures recherches peuvent expliquer la cause du nombre excessif de neurones cela fera bien avancer la compréhension de l'autisme et conduira peut-être à de nouveaux traitements", affirme ce chercheur.