L'association des diabétiques d'Alger, le groupe Saidal et le CHU Mustapha Pacha ont célébré, hier, la journée mondiale du diabète au jardin d'essais d'El Hamma avec l'organisation d'une campagne d'information et de sensibilisation. Quatre tentes dotées d'équipements médicaux pour des analyses rapides du taux de sucre dans le sang et mesurer la tension artérielle ont été installées. En cas de diagnostic positif, le malade est orienté vers l'hôpital le plus proche de son lieu de résidence. Le diabète sucré est une maladie chronique se caractérisant par un taux de sucre trop élevé dans le sang. On parle de diabète si la glycémie (taux de sucre dans le sang) à jeun est supérieure à 1,26 g/l. Le malade est aussi inscrit, s'il le désire, à l'association de la capitale chargée des non-assurés sociaux, nous a expliqué Faycal Ouhada, président de l'association. Il a également appelé les citoyens à adhérer à la campagne et à effectuer des analyses rapides afin d'éviter ses complications et réduire ses risques. Cette journée vise, selon Mustapha Sekkaï, surveillant médical chef et éducateur du service de diabétologie du CHU Mustapha, à sensibiliser les personnes atteintes de cette pathologie sur sa gravité et ses complications, tout en les informant sur les moyens de prévention, à savoir 3 axes majeurs : dépistage, traitement et complication. Depuis l'année 2009, la fédération internationale des diabétiques (FID) a instauré une campagne sur quatre ans (2009-2013) axée sur «l'accès exclusif à l'éducation et la prévention du diabète». Cette journée a été mise à profit par la société Bayer pour lancer son nouveau lecteur de glycémie. Il s'agit de «Contour TS», un système d'autosurveillance glycémique facile pour obtenir des résultats fiables. Le diabète, 2e maladie chronique en Algérie Les spécialistes en la matière ont mis en garde contre les dangers de la consommation excessive par les enfants d'aliments malsains et la restauration rapide, souvent à l'origine du diabète. Le nombre d'enfants diabétiques adhérents à cette association ne cesse d'augmenter. Quelque 40 diabétiques ont été recensés en 2010 contre 80 en 2011 et l'association compte 30 000 adhérents. En Algérie, 1 500 000 personnes sont atteintes de diabète, dont 150 000 enfants, selon les dernières statistiques du ministère de la Santé. Par ailleurs, M. Ouhada a indiqué que les malades ont également besoin d'une couverture sociale pour la prise en charge totale des soins. Il a signalé que 30% des 3 millions de diabétiques ne sont pas assurés sociaux et 25% d'entre eux sont insulino-dépendants. Ce chiffre représente 10% de la population, à savoir 600 000 diabétiques insulino-dépendants (DID), et entre 1,5 et 2 millions de diabétiques non insulino-dépendants (DNID) en Algérie. Actuellement, 500 000 à 700 000 personnes ignorent qu'elles sont diabétiques. Ils ont également exposé le problème qui touche pratiquement plus de 25% de la population algérienne qui ne sont pas à ce jour assurés. Ces statistiques placent le diabète en 2e position au classement des maladies chroniques derrière l'hypertension en Algérie, selon la 3e étude nationale des indications multiples. Le nombre de personnes atteintes de diabète est en progression, passant de 0,3% chez les sujets âgés de moins de 35 ans à 4,1% chez les 35-59 ans et 12,5% chez les plus de 60 ans, selon cette étude menée par le ministère de la Santé en collaboration avec l'Office national des statistiques et des représentations des Nations unies à Alger. Vers un nouveau plan national de lutte contre la maladie Djamila Nadir, chargée du programme national de lutte intégrée contre les maladies non transmissibles au ministère de la santé a souligné a indiqué que la wilaya de Blida abritera cette année l'activité scientifique et médicale de sensibilisation à la gravité de cette maladie silencieuse. Une caravane de sensibilisation sur cette maladie sera organisée demain à la place de la liberté à Bab Essebt (centre de Blida). De son côté, le professeur Aissa Boudiba, chef de service diabétologie du CHU Mustapha-Pacha, a rappelé la situation peu reluisante à laquelle font face les malades. Il a précisé que la prévention doit passer avant la prise en charge, soulignant que «malgré certains progrès, la prévention fait encore défaut chez nous». «Il y a un véritable enjeu dans la prévention et le dépistage du diabète, d'autant qu'on sait qu'en améliorant la glycémie, on réduit le risque de complications». Le Dr Aouiche Samir, maître-assistant au service de diabétologie du CHU Mustapha, a indiqué que «notre message essentiel est basé sur 4 recommandations, à savoir le suivi, le régime alimentaire, l'activité physique et l'auto-surveillance». Il a fait part que 15% sur les 24 224 patients présentant des lésions du pied qui suivent ou ont suivi leur traitement au niveau de l'établissement sont diabétiques. 65% d'entre eux ont été amputés, a-t-il ajouté. Il faut noter que le recours à l'amputation consacre l'échec du traitement, en ce sens que l'amputation s'impose du fait d'une mauvaise prise en charge. Les diabétologues ont mis en garde contre les complications de la maladie qui atteint les organes nobles, à savoir l'œil, le cœur, les reins, les membres supérieurs et inférieurs et les nerfs. Le Pr Tahar Riane, spécialiste en néphrologie à l'établissement hospitalier Nefissa-Hamoud (ex-Parnet) a indiqué que 30% des diabétiques sont atteints d'insuffisance rénale et ce, 10 ans après l'apparition de la maladie. Quelque 25% des sujets diabétiques souffrent de pathologies vasculaires au niveau des membres inférieurs.