L'«Armée syrienne libre», force d'opposition armée fondée par un colonel déserteur, a annoncé mercredi la création d'un conseil militaire provisoire pour faire tomber le régime du président Bachar al-Assad, protéger la population et prévenir l'anarchie. L'ASL annonce dans un communiqué «la création par l'Armée syrienne libre d'un conseil militaire provisoire pour répondre aux nécessités de la phase actuelle et de la révolution syrienne», qui cèdera ses prérogatives dès l'élection d'un gouvernement démocratique. Se considérant comme la «plus haute autorité militaire de Syrie», le conseil est dirigé par le colonel Riad al-Assad, qui a déserté et s'est réfugié en Turquie et qui avait annoncé en juillet la création de l'ASL, selon le texte. Le conseil interdit à ses membres, tout comme pour l'ASL, d'appartenir à un parti politique ou religieux quelconque. Il comprend outre M. Assad, quatre colonels, trois lieutenants-colonels et un commandant. Il aura pour mission de veiller à la mise en œuvre des «objectifs de l'ASL, c'est-à-dire faire chuter le régime actuel, protéger les biens publics et privés et empêcher l'anarchie dès la chute du régime ainsi que tout acte de vengeance», selon le communiqué. Chargé des opérations militaires et du maintien de la sécurité, ce conseil militaire œuvrera également à équiper, organiser, armer et entraîner l'ASL et prendra ses décisions à la majorité des deux tiers. Le conseil, selon le communiqué, envisage d'instaurer une cour militaire pour la révolution qui aura pour tâche de juger les membres du régime impliqués dans des meurtres et des agressions contre la population ou des sabotages de biens publics ou privés notamment. «Une police militaire sera également créée pour poursuivre les restes du régime, enquêter sur leurs crimes avant de les présenter au tribunal de la révolution et veiller à l'exécution des décisions du tribunal de la révolution» notamment, poursuit le communiqué. Cette annonce survient alors qu'un centre des services secrets syriens a été attaqué mercredi près de Damas par des militaires dissidents, la première attaque de ce type en huit mois de contestation contre le régime. L'attaque contre le centre des services secrets est survenue à quelques heures d'une réunion, à Rabat, de la Ligue arabe pour entériner sa décision de suspendre Damas des travaux de l'organisation. La Ligue arabe a également menacé de sanctions le régime de Bachar al-Assad faute d'avoir appliqué un plan arabe prévoyant la fin des violences, la libération des manifestants et le retrait des forces armées des villes. Sur le terrain, au moins sept personnes ont été tuées dans les violences qui se poursuivaient mercredi. Les forces de sécurité ont tué quatre personnes -trois déserteurs et un civil- dans la localité de Keferzita dans la province de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plus au sud, dans la ville assiégée de Homs, trois civils ont été tués par des tirs à des points de contrôle des forces de sécurité, selon l'OSDH qui a fait état également de la mort d'un autre civil tué par les tirs des forces de sécurité dans la localité de Hara, province de Deraa (sud).