La Russie est prête à évoquer avec ses partenaires étrangers la situation en Syrie, mais elle les invite à faire preuve de retenue, a déclaré hier le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue français, François Fillon. «Nous sommes prêts à travailler avec toute la communauté internationale, mais nous l'appelons à faire preuve de prudence et de retenue. Nous n'avons pas l'intention de négliger l'opinion de nos partenaires et nous coopérerons avec tout le monde», a répondu le chef du gouvernement russe à la question de savoir si Moscou soutiendra un nouveau projet de résolution de ses partenaires européens sur la Syrie. Le 4 octobre, la Russie et la Chine ont bloqué le projet de résolution sur la Syrie proposé par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal. Ce document prévoyait la possibilité d'imposer des sanctions contre Damas si les autorités syriennes ne cessaient pas d'employer la force pour réprimer l'opposition. Un projet de résolution condamnant la Syrie a été porté devant l'Assemblée Générale de l'ONU. Il est soutenu par l'Occident et de quelques pays arabes hostiles à la Syrie. La Russie appelle les autorités syriennes et l'opposition à cesser les combats. Comme les pays de la Ligue Arabe, elle craint une intervention extérieure, qui rendrait caduque les efforts de la diplomatie. L'Allemagne, la France et la Grande Bretagne ont soumis à l'ONU un nouveau projet de résolution sur la Syrie. Ils proposent notamment à l'Assemblée Générale de condamner les violations des droits de l'homme dans ce pays. Les Etats-Unis, le Japon, le Maroc, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, la Libye et le Qatar se montrent prêts à avaliser à leur tour ce document. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a appelé la communauté internationale à faire pression à la fois sur Damas et sur les forces de l'opposition pour faire cesser les violences. Il a attiré l'attention sur le fait que les agissements de l'opposition attisaient les conflits interethniques et que les contestataires recevaient de plus en plus d'armes venant des pays voisins. La Russie partage également les préoccupations des pays arabes qui craignent une ingérence extérieure dans les affaires de la Syrie, tout en soutenant le plan de sortie de crise proposée par la Ligue Arabe. «Les mosquées sont pour nous» Par ailleurs, des milliers de citoyens sont sortis, hier, après la prière du vendredi dans la mosquée des Omeyyades à Damas, dans une marche organisée sous le slogan "Les mosquées sont pour nous", en rejet de la décision de la Ligue arabe et en soutien à la décision nationale souveraine et autonome. De même, des dizaines de voitures ont démarré, après la prière, des alentours de la mosquée al-Hassan à Damas, en rejet de l'ingérence étrangère dans les affaires de la Syrie et en soutien au programme de réformes. Et sur la place de Sabe' Bahrat à Damas, des centaines de citoyens syriens s'y sont afflués, exprimant leur condamnation de la décision de la ligue arabe et leur soutien à l'autonomie de la décision nationale. A Lattaquié, des milliers de citoyens se sont rassemblés sur la place Haroun, en signe de condamnation de la décision de la ligue arabe contre la Syrie et en rejet de l'ingérence étrangère dans ses affaires.